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20 septembre 2009

Agathe Cléry

Le nouveau Chatiliez, toujours un événement !... dont on se tient le plus éloigné possible. C’est comme la taxe d’habitation. On la reçoit chaque année, on sait qu’elle est là, on sait qu’il faudra y passer tôt ou tard, mais on repousse... ou bien on choisit de faire face. Eddy Chatiliez, rien à voir avec Murphy Barclay ou Eddy Mitchell, est avant tout « connu » pour ses bandes annonces. Un peu comme Hitchcock, toutes proportions gardées, puisque Hitch avait le don de faire des films à côté de ses BA. Chatiliez a une idée par an et chaque année il la crame dans sa bande annonce, prétexte à un film qu’il n’assume jamais. Il supplie systématiquement ses producteurs de pouvoir signer ses œuvres "Alan Smithee", le pseudonyme américain des réalisateurs éhontés par leur propre labeur. Ce qui distingue un bon Chantiliez d’un mauvais Chatiliez, c’est que le bon dure trois minutes et il annonce le mauvais, qui dure deux plombes. Ce qui rapproche Hitchcock et Chatiliez, c’est l’art de réaliser une bande annonce qui ne soit pas tirée du film. Tout passe par une savante méthode de promotion. Pour Hitchcock il s’agissait par exemple de présenter en personne les décors, les protagonistes et l’intrigue de ses films. Chez Chatiliez, il s’agit plutôt de l’art de tromper et de poser des gros lapins puisque ses bandes annonces sont en réalité des sortes de courts métrages qui valent pour eux-mêmes et qui n’ont finalement pas grand chose à voir avec le film qu’ils sont censés introduire. 
 
 
 
Tout le monde s’attendait à voir une Valérie Lemercier raciste se réveiller noire au petit matin, comme les acteurs pornos de Machos qui s’éveillaient femmes après s’être endormis toréadors. En réalité le bronzage du personnage reste très longtemps agricole avant de se décider à tourner au vinaigre. Et pour couvrir cette longue heure de mue Chatiliez se fait plaisir en dirigeant une comédie musicale effrayante sous prétexte de dénoncer en pas chassés et points chaussons, en ballerines et tutus, le triste petit monde de l’entreprise que Le Bolloc’h et Yahn Solo épinglaient mieux que lui en une minute de temps dans Thé ou Café. Mais la supercherie était à prévoir, car c’est là que tient toute la singularité de la science inexacte de Chatiliez. De même que David Fincher est plus connu pour ses génériques faits à la palette graphique que pour ses thrillers répugnants ; de même que "Pipo" Inzaghi est célèbre pour ses coups francs obtenus à la sauvage plutôt que pour ses buts hideux de renard des surfaces, Etienne Chatiliez est réputé pour ses bandes annonces mensongères et ô combien accrocheuses plutôt que pour son cinéma de papa.
 
 
 
Rappelez-vous de la bande annonce de Tatie Danielle, qui mettait en scène un festival de tatas, là où le film s’enlisait en réalité dans les coins et recoins d’une Isabelle nantie de gras, tutrice d’une vieillarde belliqueuse. Souvenez-vous de la bande annonce de Au milieu coule un long fleuve tranquille de la vie, qui nous annonçait un Brad Pitt au faîte de sa beauté aux prises avec un espadon pêché à la mouche dans une adaptation enfin fidèle du Moby Dick de Melville. Sans oublier la bande annonce de Tanguy, que j'ai totalement oubliée mais où Sabine Azéma était si belle. Des armées de cinquantenaires étaient allés voir Le boner est dans le pré grâce à la même astuce. Plus de dix ans plus tard, la sauce ne prend plus : un film de charme appelé Tanguy, ça ne tient pas debout, Titi Chantilly.  
 
 
Agathe Cléry d'Etienne Chatiliez avec Valérie Lemercier et Anthony Cavanagh (2009)

2 commentaires:

  1. Je suis assez admiratif du dernier paragraphe, les deux premiers étant très informatifs et presque aussi drôles.

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  2. Jte laisse un commz pour que tu la fermes !

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