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5 juin 2009

Monsieur N.

Je n'ai pas vu ce film. Comme tout le monde. Je critique un film que je n'ai pas vu. C'est peu recommandé. Mais je n'ai pas vraiment le choix, je ne l'ai pas vu. Guilty as charged de n'avoir pas vu ce film. Mais qui l'a vu ? Quelqu'un l'a-t-il seulement vu ? Moi pas en tout cas. En fait je voulais parler de ce film parce qu'en allant au cinéma, au milieu des vingt minutes de publicités et de bandes annonces qui précèdent chaque film, j'ai vu l'annonce de la prochaine fête du cinéma, qui aura sans doute lieu très bientôt. Des tas de gens peu fréquentables, et peu fréquentés, se bousculent et gigotent dans cette annonce, séparés par de petites cases, des grosses têtes dans des petites cases dansant ou grimaçant avec des frusques sur les os et du maquillage plein la gueule. Des gens pour la plupart absolument éloignés de l'idée même de cinéma. Entre autres : Elisa Tovati, dont la carrière se résume au second rôle de Chochanah Boutdeboule dans La vérité si je mens 2 ; Tomer Sisley qui après 25 ans de stand up minable dans une cave Parisienne s'est récemment vu offrir le premier rôle du film Largo Winch, dont le héros est passé du blond vénitien au juif-tunisien en un coup de typex pour les besoins de l'adaptation ; François Xavier "Que la peste soit de vos" Demaison ; Julier Ferrier qui après un one man show (j'insiste sur "man") a décroché un rôle de cadavre dans Paris, le dernier Klapisch ; Hélène de Fougerolles, l'éternelle cagole des planches de théâtre ; Andréa Ferréol, qui collectionnait les rôles de nymphomanes frustrées dotées d'un appétit morbide pour le zob dans Les Galettes de Pont-Aven, dans La Grande bouffe ou ailleurs ; Zoé Félix qui subit une descente aux enfers en tenant le premier rôle d'une série télé à ras le bonbon après avoir littéralement "servi la soupe" à Gérard Darmon, de 100 ans son aîné, dans Le cœur des hommes 1 puis dans Le Cœur des hommes 2 ; Sara Forestier, aussi appelée "la nuit des longs chicots", qui s'est rendue célèbre en parlant comme une Port-de-Boucaine dans L'Esquive et qui lit désormais Proust dans un théâtre en parlant toujours comme une Port-de-Boucaine ; Mylène Jampanoï qui a ce qu'on appelle "les dents du bonheur", cette particularité physique qui dans son cas porte bien son nom puisque cet écart entre ses deux principales dents a été forcé, creusé, par... Bref, étonnant de réunir un tel casting de comiques ratés pour donner envie d'aller au ciné.

Mais dans cette annonce il y a aussi toute la famille de Caunes au grand complet, père et fille, Antoine et Emma. Encore une fois, que font-ils là ? Vous avouerez que c'est pas tout à fait à eux qu'on pense quand on entend le mot "cinéma".

Du côté de la fille, elle a lancé sa carrière de comédienne dans Ma mère de Christophe Honoré, aidée peut-être par un gros coup de pouce de son papa, et pourtant tout de même contrainte d'écarter ses jambes en full frontal (plein cadre) dès son premier film, comme tout le monde ! Depuis, sa carrière stagne et la télé s'en repaît. Emma de "Pauvre" Caunes n'a plus qu'à allonger la liste moisie de sa filmographie pour parvenir à ses fins et devenir, visuellement, l'égale hexagonale d'Asia Argento, la fille du grand maître de l'épouvante, qui aura réalisé son meilleur film d'horreur en mettant sa gosse au monde.




Du côté du papa, Antoine de Couenne, une première carrière assez réussie en tant que comique pour Nulle part ailleurs, largement aidé par un José Garcia toujours en pleine forme, avant un premier et dernier pas devant les caméras de cinéma dans Les deux papas et la maman aux côtés de Smaïn, sosie français officiel de Martin Scorsese. Puis quand il s'est agit de passer derrière la caméra, Antoine "Coup de pied" De Coin a commis quatre films, que personne n'a vus. Non, j'exagère un peu. Personnellement j'ai vu le début des Morsures de l'aube en croyant avoir téléchargé un documentaire sur l'horrible région de l'Aude où j'ai vu pourrir mes premiers jours. J'ai aussi vu Désaccord parfait, et en entier. Un film intriguant sur deux vieillards, interprétés par Jean Rochefort et Charlotte Rampling, qui se font des cunilingus l'un l'autre en permanence. En revanche j'ai su résister à l'attrait de Coluche, l'histoire d'un mec quand il est sorti au cinéma, un poil aidé je l'avoue par le fait qu'aucune salle de cinéma en France ne l'a diffusé. De la même façon Monsieur N. N'a (je mets toujours une majuscule après un point) jamais croisé mon chemin. Et si cela devait arriver je n'y couperais pas, en grand fan de Torreton que je suis. Ce type a beau être d'une laideur sans nom, il a beau jouer la comédie comme on tronçonne un arbre, il me plaît. J'aime ce mec.

La famille de Caunes c'est avant tout pas mal de piston, de la soupe au pistou et un peu de pesto ! Ne comptez pas sur moi pour participer à cette fête du cinéma parrainée par des anciens comiques hideux et des actrices pas chères. Ils devraient diffuser ces spots publicitaires à la télé au lieu d'en infester les cinémas, puisque ceux qui les voient en salles sont de fait des gens qui y vont déjà, au cinéma... Et au moins la famille de Caunes serait à sa place.


Monsieur N. d'Antoine De Caunes avec Philippe Torreton (2003)

6 commentaires:

  1. Ô ami Rémi j'aime ton amour des noms !

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  2. Dieu sait qu'il est difficile à vivre au quotidien pour les gens qui m'entourent :)

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  3. Torreton jl'aime bien aussi. De Caunes je l'aime bien quand il est avec Garcia. J'aime beaucoup Garcia. J'aime à la folie Rémi.

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  4. Tu m'aimes plus que José Garcia, c'est pas rien.

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  5. Super article. J'ai pensé exactement pareil l'autre jour au ciné, en voyant les types qu'ils avaient choisis pour cette publicité.
    En 2009, la publicité du football est assurée par le Barça, ça claque, et dans le même temps, la publicité du cinéma est assurée par MMA, zéro tracas zéro blabla, nuff said.

    La peste soit de vos deux maisons !

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  6. Leurs promotions de fête du cinéma, de printemps du cinéma, d'hiver du cinéma, du festival bnp du cinéma sont toujours misérables. Les gens qui pondent ces idées, qui recrutent les stars has-been pour faire méritent la prison sans droit de visite et sans remise de peine. Quelques mois pour réfléchir à l'ombre, voire pour mater des films histoire de se rendre compte qu'il y a quand même des trucs bien qui sortent chaque année et qu'il n'y pas besoin de trop creuser pour les trouver.

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