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4 mai 2008

Roman de gare

Lelouch, en voilà un autre qui fait tourner son petit manège, toute la famille Lelouch appelée sous les drapeaux pour prendre part au massacre. Eh bien c'est surprenant mais pour une fois Lelouch ne nous envoie pas à la boucherie. C'est un film sans grande prétention qu'il nous livre et il se défend plutôt. Sans grande prétention mais quand même un brin prétentieux, ça reste Lelouch. Le film commence en nous menant par le bout du nez. Le personnage principal, Pierre Laclos, interprété par un Dominique Pinon en grande pompe, a trois identités possibles et Claudio Lelouch nous ballade de la première à la troisième en revenant à la seconde selon son bon gré. Pierre Laclos est-il le tueur en série pédophile qui attire ses proies avec des tours de magie et qui vient de s'évader de la prison de la Santé ? Est-il un simple prof de lettres qui a abandonné sa femme (Michèle Bernier) et ses enfants depuis trois jours sans mot dire pour se lancer à l'aventure sur l'autoroute du sud ? Ou bien est-il le nègre de la grande écrivaine Judith Ralitzer (Fanny Ardant) invitée sur le plateau d'une émission littéraire présentée par Serge Moati pour parler de son dernier best-seller ? On ne le sait pas encore et on sera baladé sur différentes pistes à intervalles réguliers par un Lelouch auteur de polar, et ce au gré d'une rencontre peu anodine. Sur une aire d'autoroute, Pierre Laclos rencontre Huguette (Audrey Dana), une jeune femme midinette et un peu dépressive que son amant et supposé futur mari de médecin vient de larguer sur une aire après une scène de ménage. Honteuse de rentrer chez elle sans le chéri qu'elle avait prévu de présenter à sa famille, et surtout bien emmerdée pour rentrer chez elle sans bagnole, elle demande à un Pierre Laclos étrangement serviable et plein de mystères de bien vouloir l'accompagner la conduire dans sa maison familiale pour jouer le rôle de l'amant auprès des siens. Et puis une fois que l'on connaîtra la véritable identité de Pierre Laclos, une seconde intrigue pourra commencer. 
 
 
Il reste un peu de prétention en cela que Pierre Laclos est finalement en train d'écrire le prochain roman de Judith Ralitzer en se basant tout bêtement sur le scénario que l'on est en train de suivre et que le personnage vit sous nos yeux, et qu'il est dit et répété que cette histoire est fameuse, que ce sera forcément un best-seller alléchant, que c'est le roman parfait. Lelouch ne se refait pas et je doute que son best-seller ait attiré les foules en salles. Mais c'est un détail. Au final le film, s'il n'est pas un best-seller, est en tout cas un roman de gare typique et atypique à la fois, un bon polar, qui fonctionne bien (c'est déjà pas mal), et rien de plus. Notons néanmoins une certaine fraîcheur dans le style, une fluidité pas négligeable, quelques bonnes idées et de fameux acteurs. Que ce soit Fanny Ardant, qui fait le boulot, la jeune Audrey Dana, très peu connue et très prometteuse, et puis surtout Dominique Pinon, enfin voué à un premier rôle et qui déploie une palette de comédien très réjouissante et une présence qui a comme qui dirait quelque chose d'évident. Et puis au fil du film on pense en le regardant se débattre dans son rôle à Clovis Cornillac, on y pense très fort, de plus en plus. On se surprend même à se demander si Corniflax n'aurait pas par hasard refusé le film pour laisser son vieux collègue se faire les dents dans un premier premier rôle. Toujours est-il que tout dans le jeu - excellent par ailleurs - de Pinon, rappelle absolument les méthodes, intonations et autres grimaces de l'acteur à gueule carré qui cumule les têtes d'affiches. Et quand on note la présence au casting de Myriam Boyer (la maman de Clovis Cornillac), on comprend enfin que Dominique Pinon est en réalité de toute évidence le papa caché du petit Clovis. Et ça c'est un scoop.
 
 
Roman de gare de Claude Lelouch avec Dominique Pinon, Fanny Ardant et Audrey Dana (2007)

1 commentaire:

  1. Un bon Lelouch, ça se fête, couscous pour tout le monde ta race

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