Si un jour on m'avait dit : "Je te donne cent balles pour critiquer Marius et Jeannette", j'aurais répondu : "Mange du crabe !". Et pourtant... Me voilà en train de plancher sur le chef-d’œuvre de Bob Guédiguian. Ce dernier s'est encore fait remarquer sur la Croisette, multipliant les gaffes comme Samy Nacéri, l'autre électron libre phocéen de la grande famille du cinéma Français qui n'a cessé de foutre à sac toute la croisette avec un maillot de l'OM floqué Niang sur le dos. Tous les prétextes sont bons pour piquer une crise : qui m'a empêché de garer ma BM dans l'entrée du Palais des Festivals, quel autre a dit du mal de José Anigo, et ce flic qui me regarde de travers parce que je suis immatriculé 13. Comme Nacéri, Guédiguian est plutôt à fleur de peau. Avec lui la jabar est vite commencée, et souvent il la termine. Et il s'en vante en plus. On a tous entendu cette déclaration du cinéaste Marseillais contre le dernier film de Woody Allen, Minuit à Paris, auquel il reproche de filmer un Paris de pacotille, peuplé d'américains plein aux as et peu soucieux des problèmes de leur pays d'accueil. Pour Guédiguian, la crise est un plat qui se mange chaud, c'est un problème qui devrait tous nous empêcher de dormir. L'éternel syndicaliste gauchiste considère qu'il est interdit de se marrer ou de s'évader par un quelconque effort d'imagination poétique sirupeuse dans ce pays qui pue la misère. Pour Guédiguian le malheur des uns fait le putain de malheur des autres. Ce cinéaste de la gauche-escabèche qui ne se sent plus depuis qu'il a tourné Marius et Jeannette - le Lost in translation Port-de-boucain - ne sera donc jamais tout à fait heureux puisqu'on peut présumer qu'il y aura toujours au moins un miséreux sur Terre. Où s'arrête la frontière de la compassion pour Robert Guédiguian ? A la Canebière ? A la France ? L'Europe ? Où ?
Gérard Meylan dans une séquence de pêche au gros néo-réaliste qui nous évoque le Stromboli de Rossellini.
Je voudrais parler de l'acteur Gérard Meylan, de la Comédie Française s'il vous plaît, qui interprète Marius dans le film et qui "n'a plus assez de musique dans le cœur pour faire danser sa vie" comme le dit Jacques Boudet dans le film avant de se voir rétorquer un très sincère : "Merde, Justin, merde !" par un Jean-Pierre Darroussin imbibé d'alcool. Car c'est aussi toute la poésie provençale héritée de Pagnol (cf. le titre) qui est contenue dans ce film de Guédiguian, injectée de Céline et de Vivaldi, et je le dis sans ironie. Mais je voudrais parler de Gérard Meylan. D'abord parce que personne n'en parle. Ensuite parce que ce type n'est pas du tout Marseillais, encore moins natif de la Bonne-Mère comme il essaie de le faire croire en interview. C'est un pur Breton comme l'indique son nom d'oiseau et son coffre de marin-pêcheur court sur pattes. Il a seulement pris l'accent de Fos-sur-mer pour plaire à Guédiguian et jouer dans tous ses films. Aussi n'a-t-il joué que dans les films de Guédiguian, à part pour le rôle d'un gangster des Martigues dans Rapt et, plus notablement, pour celui du fameux homme des bois dans Lady Chatterley. Gérard Meylan ressemble effectivement à Jean-Louis Coulloc'h, le véritable garde-chasse du film de Pascale Ferran, mais Meylan n'a pas eu le loisir de s'envoyer Marina Hands pour de faux car c'est juste un vrai homme des bois qui passe de temps en temps dans le champ et qui reste le plus souvent hors-cadre, dans la forêt, où il vit, et qui servit de plateau de tournage à Ferran. C'est un peu lui le secret derrière les scènes les plus poignantes du film. C'est lui qui est nu comme un ver derrière la caméra, toujours à l'affût, accroupi en train de chier entre les arbres. Il provoque ce regard électrique et pressé d'en finir qu'affichent les deux acteurs principaux dans les séquences les plus sensuelles. C'est bizarre que Meylan ne perce pas davantage au cinéma vu que l'accent du sud est plutôt apprécié des médias parigots, ce qui fait les choux gras de Julien Doré et a assuré une belle carrière à Laurent Paganelli, le sosie français de Greg Kinnear. En voila un autre imposteur qui s'est forgé un accent rutilant digne des plus terribles autochtones de "Plan de P" ou de Dignes-les-bains histoire de mieux faire son trou dans les vestiaires les plus malfamés. C'est bien connu que dans le football vaut mieux avoir l'accent marseillais, croyez-moi.
Marius et Jeannette de Robert Guédiguian avec Gérard Meylan, Ariane Ascaride, Jacques Boudet et Jean-Pierre Darroussin (1997)
On dirait que l'afficheur n'a pas su choisir entre "et" et "&" :/
RépondreSupprimerLe seul blog qui va déblatérer sur Marius & Jeannette après avoir causer de J'ai rencontré le Diable...
RépondreSupprimerTain les gifs que tu mets en lien sous ton blaze Jaspert, ça me tue. C'est la patte de Jaspert, la patte de l'expert !
RépondreSupprimerZarb hein ? D'habitude une meuf qui se fait mater remonte tout ça parce que ça la gêne, mais là...
RépondreSupprimerlol ! pauvre Gérard Meylan !!
RépondreSupprimerPar ma vie et mon honneur, moi vivant jamais je m'enquillerais cette merde.
RépondreSupprimerT'es rude, c'est pas mal. Je l'ai vu en cours de SES en 1ère. o_O
RépondreSupprimerJazbert y'a un gif qui est collé à mon écran depuis 2011.
RépondreSupprimer:D
SupprimerJe t'imagine bien danser au milieu du clip de Robin Thickle avec la giga gaule.
I know you want it !
SupprimerBandes de blaireaux, c'est vraiment un très beau film, vous le reverrez dans dix ans et peut être vous comprendrez...Un autre superbe film de Guédiguian s'appelle "les neiges du kilimandjaro", voyez le pour une fois que vous verrez aussi un film avec le coeur
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