Avez-vous des films-doudous ? L'autre jour un collègue fraîchement revenu d'un AVC nous expliquait qu'il avait des repas-doudous dans lesquels se réfugier en cas de coup dur ou même de gros rhume. Il nous citait l'exemple du grand plat de spaghettis au beurre dans une assiette-vase, surmonté d'un œuf au plat. Et il nous demandait nos repas-doudous. Évidemment on a en a trouvé une paire (les lasagnes, la soupe du laboureur, le foie snacké, les huîtres farcies, les roustons de veau), mais c'est pas le sujet. On s'est mis, en revanche, et c'est plus connecté au blog, à se demander si on avait des films-doudous. Qu'est-ce que ça signifie ? Des films où trouver refuge en cas de gros coup de blues, des films où s'abriter en cas de perte de foi dans le cinéma, des films où se rassurer dans les moments où la vie se fait vicieuse. Un titre a fait le consensus pour nous, tel un flash aveuglant : Funny Games de Michael Haneke, avec Bruno Putzulu, même si on ne l'a pas revu étant adultes.
Pourquoi ce film ? Sans doute pour son unité de lieu. Très souvent, les huis-clos nous apparaissent comme des films-doudous en puissance, pour le côté réconfortant du packing, le sentiment de se blottir dans une camisole bien serrée, de se lover dans un plaid qui sent l'encens ou des serviettes humides sorties du sèche-linge en panne, ces films-lieux, presque des films-mondes, où rien ne va nous surprendre, où l'espace est balisé, sous contrôle, connu et reconnu, archi parcouru, ne citons que Cuisines et dépendances, Ma nuit chez Maud, Le Dîner de cons, La Corde, 12 hommes en colère, Assault, ou le plus récent Zone of Pinterest de Jonathan Glazer et ses répliques inoubliables : "J'avais dit à gauche Pignon...". Autre avantage de Funny Games côté doudou, son absence totale d'adversité, d'animosité, de tension, de menace. Rien que des regards-caméras rassurants, apaisants, neutres et bienveillants, avec comme point culminant le fameux clin d’œil final au spectateur, passé dans les annales du cinéma bon enfant, et qui nous invite à baigner dans le flow du film, à ne faire qu'un avec la diégèse et à percevoir les personnages comme des membres de notre propre famille adorée. En touchant à la fin de cette critique, petit doute cependant : pas sûrs qu'on parle bien du bon film.
Funny Games de Michael Haneke avec Bruno Putzulu (1997)
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