Western aujourd'hui plutôt oublié, signé Alan J. Pakula, et qu'il
faudrait ranger dans cette sous-catégorie des "westerns crépusculaires"
si l'on pouvait encore formuler de tels énoncés sans grimacer, ce que je
viens de faire. Tourné en 78, soit, pour le dire vite, à la fin de la
décennie de la fin, pour le genre, Comes a horseman, bizarrement traduit Le Souffle de la tempête
en France, raconte le conflit qui oppose, en 1945, Ella Connors (Jane
Fonda), héritière d'un père rancher, désormais propriétaire terrienne à la tête de tout un cheptel qu'elle gère comme elle peut avec le vieux Dodger
(Richard Farnsworth), à Jacob Ewing (Jason Robards), puissant
propriétaire et éleveur voisin, qui voudrait racheter toutes les terres alentour
pour faire transhumer librement ses bestiaux. Entre eux s'immisce le horseman
du titre, Frank Athearn (fringant James Caan), récemment acquéreur d'un
lopin de terre cédé par Ella, qu'il entendait administrer avec un pote à lui qui, dès le début du film, se fait
dessouder par un séide d'Ewing. Blessé, Frank trouve refuge chez Ella
qui bientôt l'embauche (et plus, car affinités, bien qu'Ella, refroidie par la gent masculine, prenne son temps pour accorder sa confiance), les deux tourtereaux
travaillant de concert et luttant contre les velléités de leur rival,
Ewing/Robards donc, si vous suivez toujours, qui voudrait non seulement les
terres, pour être tout-puissant en son royaume ou pour les revendre à
des prospecteurs de firmes pétrolières venus faire sauter la terre pour
trouver de l'or noir (entre les deux options, son cœur balance), mais
aussi la fille (qu'il a déjà eue quand elle était toute jeune, et qu'il a trahie, ce gros dégueulasse, d'où la réticence d'Ella à céder quoi que ce soit de sa personne ou de ses biens).
Un repas normal avant les réseaux sociaux. |
Après ce résumé de douze
hectares, que dire de plus, sinon que les temps changent, comme chantait
Bob, et qu'après tant de westerns où les "gentils" étaient de pauvres
cultivateurs spoliés par de grands éleveurs et leurs infâmes cowboys prompts à user de la gâchette,
c'est ici lesdits grands éleveurs qui, ayant gagné, sont spoliés par les géants du pétrole, qui ne veulent la terre ni pour l'ensemencer ni pour y faire courir leur bétail mais pour la faire sauter et la vider de son sang. Le film n'a rien d'assez exceptionnel pour marquer
durablement les mémoires (cf. la première phrase de l'article), il
présente même quelques potentielles faiblesses (le règlement de comptes
final rappelle que Pakula n'était pas vraiment doué pour filmer les
scènes d'action) mais il bénéficie d'un beau casting. A ce propos,
justement, on peut apprécier la mise en place des relations entre les
personnages de Jame Caan et Jane Fonda, cette dernière, forte et décidée, résistant
longtemps à accepter de l'aide ou autre chose, puis les deux, ensemble, quand Ella finit par y aller, de résister, encore, mais à deux. Dur de les voir faire ça, résister, à
l'écran, en 2023, en songeant qu'en 2022 James Caan est mort — il
fallait bien que cela arrive — et qu'en mai 2023 Jane Fonda, jadis
et encore tout récemment passionaria des causes perdues, activiste engagée à l'époque, on le sait, contre la guerre du
Vietnam, puis contre celle en Irak, battante féministe, militante contre le changement climatique, profitait de son audience sur la scène
du palais des festival à Cannes pour répéter 18 fois le nom d'une marque
de cosmétique merdique dans son discours, en pure influenceuse sur le retour.
Le souffle de la tempête, en 2023, se résume-t-il à un vieux rot morbide venu du fond
des âges ?
Le Souffle de la tempête d'Alan J. Pakula avec Jane Fonda, James Caan, Jason Robards et Richard Farnsworth (1978)
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