Comme en atteste son affiche, ce film a été curieusement très bien accueilli à sa sortie. Je l'ai vu deux fois. La première fois, seul, j'ai arrêté au bout de vingt minutes, exaspéré. La deuxième fois, j'ai tenu jusqu'au bout. Faut dire que je n'étais plus seul et ça aurait pu niquer la soirée si j'avais éteint la téloche d'un seul coup, comme ça. Et l'envie de couper net était un peu moins vive de mon côté, je dois l'avouer. J'étais dans de meilleures disposition, légèrement plus dedans, j'essayais en tout cas, aidé par l'attention et toute la bonne volonté de mes compagnons d'infortune. Bon, j'ai tout de même fini par décrocher et à ne suivre les mésaventures de Virginie Efira que d'un œil... L'intouchable Virginie Efira. La plus grande actrice francophone de sa génération. Nous n'estimons pas la chance que nous avons d'être ses contemporains et d'assister, bouches bées, à sa si grande carrière. Il y a une pointe d'ironie là-dedans, certes, mais le même film avec Maïwenn ou Vanessa Paradis dans le rôle principal et on tiendrait pas cinq minutes. On peut pas lui reprocher grand chose là-dedans, elle tient le film, vraiment. Elle fait vivre un personnage aussi opaque qu'improbable et un scénario qui tient sur un fil. Antoine Barraud vise semble-t-il le thriller psychologique hitchcockien. Comme c'est une tentative assez rare dans le cinéma français, peut-être est-ce en partie pour cela que les critiques ont été si indulgentes. Elles ont voulu saluer son courage, son audace. Car c'est quand même un drôle de pari que tente ici Barraud (soit dit en passant, si j'avais ce triste blase-là et que j'entreprenais une carrière dans le cinoche, je choisirais un pseudo plus stylé d'entrée de jeu). Virginie Efira mène une double vie, partagée entre un guignol lambda en France, avec qui elle a une gamine de quatre ou cinq ans, et un tocard chef d'orchestre plus fortuné en Suisse, avec qui elle a deux ados. Au début, nous pensons que ces deux parties de sa vie sont strictement cloisonnées et qu'elle parvient miraculeusement à vivre ainsi, mais le scénar délivre ses secrets au compte-goutte et nous comprenons progressivement que ça n'est pas si simple que ça. C'est un sacré pari, dans le sens où Barraud ne délivre ses informations que très tardivement, que son film est longtemps si nébuleux qu'on est toujours pas loin de s'en lasser, de s'en agacer irrémédiablement. On a envie de comprendre, et à la fois on s'en fout, tant tout ce qui se déroule sous nos yeux est finalement peu passionnant et fastidieux. Le mystère est bien trop épais pour le talent de cinéaste d'Antoine Barraud, juste assez pour celui d'actrice de Virginie Efira. Nous ne comprenons vaguement qu'à la toute fin le petit intérêt de la toute première scène, un très laborieux plan-séquence, où nous voyons une jolie blonde essayer des robes dans un magasin de luxe avant de tomber dans les pommes. C'est également l'ultime scène qui nous permet de piger enfin le titre : cette révélation minable, anodine, insignifiante, a eu pour effet de me faire lever les yeux au ciel et de maudire encore davantage Antoine Barraud...
Ce film-là est sorti il y a un an, le 22 décembre 2021. Je suis sûr qu'il a flingué quelques sorties au ciné en famille, comme on peut en faire en cette période de Noël quand on s'ennuie un peu, tous ensemble, que les discussions sont taries et que l'on a épuisé toutes les autres activités possibles. Madeleine Collins dure 102 minutes, ce n'est pas énorme en soi, mais nous ressentons bien chacune de ces minutes.
Madeleine Collins d'Antoine Barraud avec Virginie Efira, Quim Gutiérrez et Bruno Salomone (2021)
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