Pages

16 février 2021

Sputnik – Espèce inconnue

Quelques images de ce film, croisées au hasard de mes divagations sur la toile, avaient suffit à me filer envie de lui donner une chance. Il faut dire que le plus gros atout de cet horror flick russe mâtiné de science fiction réside à n'en pas douter dans le look de sa créature vedette, un parasite particulièrement dégueu qu'un cosmonaute ramène avec lui à son retour d'une mission spatiale avortée. On est à la fin des années 80, en pleine Guerre Froide, et le régime communiste ne veut rien divulguer de l'affaire mais cherche plutôt à protéger le seul survivant de cette mission. L'objectif est de le soigner du mieux possible, de le rendre à nouveau présentable, afin d'en faire un nouvel héros soviétique. Une scientifique est donc appelée à la rescousse en loucedé pour venir en aide à cet homme aux abois dont le corps abrite un organisme extraterrestre vivant en symbiose avec lui mais du genre agressif dès qu'il abandonne temporairement son hôte et s'en prend aux curieux qui viennent le zieuter d'un peu trop près...
 
 
 
 
Point crucial pour un tel film : la bestiole est donc très réussie, franchement révulsante, elle ne ressemble pas à grand chose que l'on ait pu voir ailleurs. Elle fait forte impression dès sa première apparition, quand elle s'extirpe de son hôte par la bouche et se déploie progressivement sous nos yeux, en dépliant difficilement ses longs membres, pâles et maigres, révélant ainsi peu à peu toute son étrange monstruosité. La lumière sur la créature est faite lors d'une scène bien amenée et que l'on a attendue avec impatience, le cinéaste Egor Abramenko sachant faire durer le suspense pour son premier long métrage. Dans le rôle de la scientifique pugnace missionnée pour sauver notre cosmonaute infecté, Oksana Akinshina est à l'évidence l'autre atout de Sputnik. L'actrice, qui avait marqué les esprits en jeune adolescente exploitée sexuellement, au début des années 2000 dans Lilya 4-ever du suédois Lukas Moodysson, dégage un charisme assez étonnant et ses traits particuliers, délicats mais affirmés, siéent parfaitement à cette femme de caractère dont on a tôt fait de cerner l'état d'esprit et d'emboîter le pas.
 
 

 
Toute la première moitié du film tient plutôt bien la route et s'avère assez accrocheuse. Sputnik a bonne allure et ne ressemble aucunement à l'une de ces séries b de seconde zone qui essaient à tout prix d'avoir l'air de gros blockbusters américains. L'ambiance est soignée, quand bien même elle repose surtout sur un choix de couleurs limité, des teintes grisâtres, délavées, comme c'est d'ailleurs très souvent le cas dès qu'il est question de dépeindre l'URSS de cette période et son austérité écrasante. Cela fonctionne ici plutôt bien. Hélas, le scénario s'enlise progressivement et peine à trouver un nouveau souffle. Le film donne donc l'impression de se terminer très laborieusement et nous laisse un goût d'inachevé tenace. Dommage car ce Sputnik, que l'on présente hâtivement comme un croisement entre Alien et The Thing alors qu'il gagnerait à être mis à l'écart de titres si encombrants, vaut par ailleurs le coup d’œil pour les amateurs du genre qui sauront en apprécier les deux principales qualités : sa créature et son héroïne. Elles auraient mérité mieux. 


Sputnik – Espèce inconnue d'Egor Abramenko avec Oksana Akinshina (2020)

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire