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3 avril 2018

Norma Rae

Réalisé en 1979 par Martin Ritt, Norma Rae est un film social militant de la plus belle eau. Il est porté par l'énergie débordante d'une actrice, Sally Field, qui fut justement récompensée d'un Oscar et d'un Prix d'interprétation à Cannes suite à cette performance soufflante. Elle incarne donc Norma Rae, ouvrière d'une usine de textile dans une petite ville du sud des Etats-Unis, qui se bat pour créer un syndicat qui permettra d'améliorer leurs conditions de travail. Elle est encouragée dans sa démarche par Reuben Warshowsky, un syndicaliste venu de New-York joué par Ron Leibman, qui essaie de canaliser son énergie et de lui apporter un peu de méthode. Une relation très particulière va naître progressivement entre les deux personnages aux caractères très différents mais aux convictions identiques, une sorte d'admiration mutuelle, un amour platonique, Norma Rae étant déjà mariée avec Sonny (Beau Bridges, le frère de Jeff), un collègue à la personnalité bien plus terre-à-terre que le new-yorkais, mais animé d'un amour sincère et entier pour sa femme.




Le film de Martin Ritt excelle dans la peinture de ces relations tandis qu'il parvient, sans difficulté, à nous intéresser à la lutte de son héroïne, attachante et passionnée. Le cinéaste réussit à nous décrire celle-ci en associant une grande intelligence, accouchant d'une œuvre très humaine, à cette efficacité typique des films américains de ce genre, quand ils sont réussis. La scène durant laquelle Norma Rae se révolte pour de bon, en écrivant en grand le mot "UNION" sur un morceau de carton et en montant sur sa table de travail pour mieux le brandir à ses collègues, qui coupent leurs machines les uns après les autres, dégage une rare intensité. Les acteurs sont tous excellents et ont chacun leur moment de grâce. Une scène m'a même tout particulièrement ému, celle où Sonny, conscient de l'attirance que sa femme éprouve pour Reuben Warshowsky et du fossé qui le sépare du new-yorkais, lui répète ses sentiments, en toute simplicité, et avec une sincérité aussi touchante que désarmante. Une scène vraiment sublime, Beau Bridges y est immense.




Plus connu pour ses collaborations mémorables avec Paul Newman (notamment l'excellent Hud, que je recommande vivement, mais aussi Hombre), Martin Ritt signe ici un très beau portrait de femme et un superbe film, mêlant brillamment les désirs politiques, sexuels et sentimentaux, qu'il est bien agréable de redécouvrir aujourd'hui. 


Norma Rae de Martin Ritt avec Sally Field, Ron Leibman et Beau Bridges (1979)

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