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31 octobre 2017

Dementia 13

Tourné en Irlande et en 1963 par Francis Ford Coppola, avec les restes du budget et du casting d'une production Corman (The Young Racers, sur lequel Coppola était assistant), Dementia 13 est un film d'horreur sans grande prétention mais plutôt sympathique, qui commence sur une barque, en pleine nuit, où se dispute un couple qui se déteste. L'homme, Richard, signifie à sa femme, Louise, qu'elle est vénale et n'aura rien de sa fortune quand il mourra. Manque de bol pour lui, il casse sa pipe une minute après : arrêt cardiaque. Faute de pouvoir le sauver, son épouse le balance par-dessus bord et fait croire à son départ en voyage d'affaires pour se rendre dans sa belle-famille et obtenir une modification du testament de feu son mari. Manque de bol pour elle, Louise débarque chez la belle-mère et les beaux-frères au beau milieu d'un week-end dédié à la commémoration du décès de la petite sœur, morte enfant, noyée dans le lac près du château familial.




Le film fait penser, par différents aspects, à quelques fleurons du genre, du Couteau dans l'eau de Polanski aux Innocents de Jack Clayton en passant par le génial Bunny Lake a disparu d'Otto Preminger, mais il est surtout intéressant dans ce qu'il contient, en germes, du drame très hugolien au cœur de Twixt : la mort par noyade de la fille innocente, puis la culpabilité et le traumatisme de ses parents. Ce quasi premier véritable film signé Coppola est donc peut-être plus pertinent qu'il n'y paraît dans la carrière de son auteur. Au-delà de ce lien thématique fort, on peut constater quelques constantes entre ces deux œuvres séparées par presque 50 ans, notamment le fait qu'au même titre que Twixt, l'inaugural Dementia 13 est porté par des figures féminines particulièrement intéressantes là où les hommes sont plus grossiers et grotesques qu'autre chose. 




La mère éplorée, visage fermé, traumatisée par la disparition prématurée de sa petite fille. Louise et ses airs malicieux, incarnée par une Luana Anders aux yeux mutins, au nez retroussé et au menton décidé, qui porte le film jusqu'à son mitan (pauvre d'elle...), avant que le flambeau ne soit repris, étrangement, par Mary Mitchell, qui prête ses traits à la jeune compagne d'un des frères, personnage a priori plus en retrait et plus faible mais qui l'emporte tout de même quand elle est la dernière femme encore sur pieds du récit, outre bien sûr l'enfant, la petite fille du lac, qui brille par son absence et dont les apparitions sont horriblement belles, jusqu'à ce que l'horrible tout court ne la regagne dans un grand coup de hache final d'une violence accablante.


Dementia 13 de Francis Ford Coppola avec Luana Anders, William Campbell, Bart Patton et Mary Mitchell (1963)

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