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11 juillet 2017

Rock'n Roll

Je pourrais me lancer dans une longue critique à charge contre ce film merdeux, mais je n’en ai guère envie. A quoi bon revenir sur ce projet hyper mégalomane de Guillaume Canet, qui sous couvert d’autodérision n’arrête pas de parler de lui, de lui, et encore de lui (entre trois parenthèses où il parle de sa femme, de ses amis, de son métier, et compagnie) ? Sous prétexte de raconter la difficulté de vieillir chez les comédiens et comédiennes, Guillaume Canet, pour résumer, s’admire en se plaignant, ce qui fait toujours un peu beaucoup. Faut-il supporter ça ? Faut-il encaisser Marion Cotillard qui parle avec un accent québécois ignoble pendant la quasi-totalité du film juste parce qu’elle doit jouer un rôle dans le prochain Xavier Dolan ? Faut-il accepter d’entendre parler de Gilles Lellouche comme du Robert Redford français à tout bout de champ ? Faut-il tolérer ces acteurs ô combien antipathiques qui jouent horriblement mal à chaque seconde, Yvan Attal en tête ? Faut-il vraiment ?




Bon, il y a peut-être des choses à sauver dans ce cauchemar. Je préfère me rattacher à ça pour ne pas sombrer dans l’ultra-violence. Je pense en particulier à la séquence chez Johnny Hallyday, plus en forme que jamais. Johnny Smet surnage parmi une petite foule de caméos insipides (on finit par ne plus savoir qui est censé être « célèbre » ou pas, tant les célébrités convoquées sont sans saveur et chlinguent la mort). Johnny débarque en se ramassant la tronche dans son grand escalier. Déjà ça pose le rôle. Puis il passe toute sa scène à appeler Guillaume Canet « Jérôme ». Rien que ça, c’est énorme. C’est ce qu’on rêverait de faire si on croisait la Cane. Johnny met d’ailleurs un zèle particulier à interpeller l'autre enclume d'un petit « Jérôme » dans chaque phrase ! Il coupe ensuite un dialogue embarrassant pour aller « allumer le feu », et il chante ces trois mots mythiques en allumant la cheminée, d’une voix de castrat improbable. Magique. La scène se termine quand Canet quitte le château de Laetitia et Johnny, mais ce dernier nous offre un petit rappel inespéré en hélant « Jérôme » depuis les barreaux d’un soupirail, d'où il lui chante « Les Portes du pénitencier », presque en entier. Dieu sait que je me fous de Johnny Hallyday comme d’une guigne, mais il est un petit rayon de soleil dans ce film si terne.





La toute fin du film, et par toute fin j'entends l'ultime séquence avant générique de clôture, est vaguement sympa aussi. A ce moment-là Canet est totalement transfiguré après mille séances de chirurgie esthétique et d'injections de stéroïdes (effets spéciaux plutôt réussis pour le coup, big up aux gens qui en sont responsables, où qu'ils soient), et il part à Miami tourner dans une série qui se veut une sorte de réécriture de Rintintin avec un crocodile à la place du chien. Sa femme et leur fils, après une séparation, rejoignent finalement Canet, et mari et femme jouent ensemble dans le programme tv à deux dollars. Le générique nous présente ainsi quelques scènes de ladite série, où l'on voit Jérôme Canet marcher à côté de son crocodile, qui porte son sac à dos à sa place ; il lui indique aussi une route à suivre en le tirant par la queue pour le retenir, sans réaction de l'animal ; traverse un fleuve à dos de croco, et ainsi de suite. C'est ce film-là que Canet aurait dû réaliser. En cinq ou six plans il enterre lui-même tout le film, irritant, répétitif, trois fois trop long, sans intérêt et presque jamais drôle qu'on vient de subir. Ceci étant dit, j'essaie d'être positif, pour tenir le coup, mais c'est pas une raison pour endurer cette fange filmique. Non. Faites pas les cons.


Rock'n Roll de Guillaume Canet avec Guillaume Canet, Marion Cotillard, Yvan Attal, Gilles Lellouche et Johnny Hallyday (2017)

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