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2 juin 2017

Breakdown

Voici le film breakthrough de Jonathan Mostow. Jonathan Mostow, c'est qui ? C'est surtout trois films : Terminator 3, U571 et Surrogates. Jonathan Mostow est spécialisé dans le film d'action qui se regarde sans déplaisir quand on tombe dessus alors qu'il passe à la télé mais qui peut provoquer un état de rage extrême lorsqu'une somme supérieure à 1€50 a été dépensée pour le visionner. Mostow a la réputation d'un cinéaste docile, carré et doux, un peu comme un gros bélier charmois fait metteur en scène hollywoodien. Il torche les films qu'on lui demande. Ils sont tous moyens, jamais honteux, mais ils n'amassent jamais suffisamment de fric pour que Jonny Mostow atteigne enfin une certaine reconnaissance et entre dans le cercle très fermé des réalisateurs de la A-list, en compagnie de personnalités telles que Christopher Nolan et Michael Bay du Mont St Michel. Jonathan Mostow devrait s'appeler Mosdos, car il s'est mis plein de monde à dos. Bref, Mostow est un raté, désespérément scotché aux années 90, et il le vit bien.




Breakdown (aka "Griller un câble") est donc son film breakthrough, c'est à dire celui qui le fit connaître dans le milieu et qui lui permit d'enchaîner les projets. Tout Mostow est dans Breakdown, ce petit film d'action honnête, plutôt divertissant, pas dégueu, que l'on pourrait situer quelque part entre Duel de Spielberg et L'Homme qui voulait savoir d'un réalisateur néerlandais inspiré, en infiniment moins bon. Le pitch ? Pour renouer avec sa femme, Kurt Russell lui propose un road trip sur la route 66, comme tout bon fan d'Elvis Presley qui se respecte. Au kilomètre 12, dispute, pugilat entre lui et sa femme : Kurt Russell a commis l'erreur de couper un coyote en deux avec le pare-buffle de sa bagnole. Il a transformé le coyote nommé Rue des Lois en une patte à gauche, deux pattes à droite, une patte broyée par le ventilo de sa Jeep Renegade et une tête sans yeux qui sert maintenant d'involontaire déco extérieure au pare-brise. A la vision de ce spectacle macabre, la femme de Kurt, une petite rousse bien achalandée, lui montre sa main et lui lance "Tchô" comme on disait alors chez les jeunes (le film date de 1997). Elle embarque ensuite dans le premier camion qui vient et c'est le début des ennuis pour son mari puisqu'à partir de ce moment-là, elle sera FBI portée disparue. Bien décidé à remettre le grappin dessus, Kurt Russell remue ciel et Terre, arpente tous les bars de la région et comprend assez vite qu'une sacrée bande de salopards a la main-mise sur cette partie de l'Arkansas. L'un d'eux résumera plus tard le scénario du film à sa façon : "Connard bourré de fric cherche emmerdes" en s'adressant au héros fortuné.




Breakdown est porté par un Kurt Russell littéralement awesome, toujours aux abois, à la recherche de, je cite, sa "conne de bonne femme". "Elle est où ma conne de bonne femme, hein, t'as une idée, toi ?" finira-t-il par demander, désespéré, à un élégant tapir croisé en chemin. L'acteur au sourire irrésistible tourna ce film à une période charnière de sa carrière, car ensuite, il enchaina les naufrages et les mauvais choix (Soldier, où il distribuait des baffes à tout le monde en tenue de GI Joe et, surtout, 3000 Miles to Graceland, autre digression filmique autour du King). Breakdown est l'occasion d'admirer l'allure et le physique atypiques de Kurt Russell : le mulet au vent, le menton plus volontaire que jamais, les yeux d'un bleu pétrole, le polo Ralph Lauren qui va bien, les chaussures Quetchua, le jean remonté jusqu'au nombril ("à 1 mètre" comme il aime le dire souvent), etc. L'acteur est au top de sa forme. En regardant le film, je me suis surpris à faire une recherche google pour essayer de percer les origines ethniques de ce bellâtre unique en son genre. Je pensais qu'il avait peut-être du sang wallisien ou, au moins, des gènes indiens ou pacifiques. En fin de compte, j'ai seulement appris qu'il était libertarien, c'est-à-dire qu'il a envie qu'on lui foute la paix quand il veut faire quelque chose. En le voyant dans ce film, je n'ai pu m'empêcher d'ajouter à ma "to do list" : revoir Big Trouble in Little China, Escape from New York et The Thing, en bref, les films cultes que le bonhomme a tourné avec son ami John Carpenter.




Mais revenons à Breakdown de Brian Mostow. En plus d'un scénario linéaire et efficace, ce film propose aussi quelques lignes de dialogues savoureuses. Ainsi, quand Kurt Russell menace l'un des routiers et le soupçonne de lui avoir piqué sa femme, celui-ci lui rétorque sans ciller : "En effet, ta bonne femme est actuellement scellée dans ma cave et retenue en otage par Faulkner mon chien. Je l'ai aperçue. Elle fait 1m65, 62 kilos dont environ 1 kilo de nibards extra. J'aime aussi ses jolies bouclettes blondes. Le problème, c'est que Faulkner est du genre susceptible et raffole des belles pépés aux gros roberts". Un langage fleuri comme nous n'avons, hélas, plus vraiment l'occasion d'en entendre dans les films américains. Et que dire de cette dernière réplique : "Tu m'as demandé de te pépom, j't'ai pompé !"...


Breakdown de Jonathan Mostow avec Kurt Russell (1997)

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