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5 mars 2017

La Chanson de Roland

Réalisé par Frank Cassenti, La Chanson de Roland ne parle pas de mon oncle, mon tonton port-de-boucain, celui qui mange 10 yaourts chaque soir sous peine d'avoir les nerfs qui "craquent". Non, le film parle d'autre chose. Il raconte non seulement, comme son titre l'indique, l'épopée de Roland, la plus fameuse chanson de geste, avec Charlemagne, le roi Marsile et les sarrasins, Saragosse, le traitre Ganelon, le col de Roncevaux, le brave Olivier et la fameuse Durendal, mais aussi, et même surtout, l'histoire d'une troupe de comédiens et de pélerins en marche pour Saint-Jacques-de-Compostelle, au Moyen-Âge, passant de ville en village pour raconter la légende au gré de leurs étapes. Les acteurs du film incarnent donc tour à tour un comédien, troubadour de la troupe de Turold (le présummé auteur de la Chanson de Roland), et un ou deux personnages de ladite chanson.


Mon tonton frôle ce genre de comportement au quotidien. Sauf que pour bien se rendre compte il faudrait remplacer le cheval par une R5 et la cotte de mailles par un jogging Lacoste. Heureusement, il a ses 10 yaourts/jour...

Le passage des conteurs aux héros racontés est très habile, aidé par un casting en or : Klaus Kinski, le fêlé, dans le rôle de l'acteur Klaus et de Roland, Alain Cuny, qui interprète un moine et le personnage de prêtre guerrier Turpin, Niels Arestrup (autrefois supportable), qui prête ses traits à un commerçant et à Oton, mais encore Jean-Claude Brialy, László Szabót, Dominique Sandale et Jean-Pierre Kalçon, qui incarne à la fois les deux rois ennemis, Charlemagne et Marsile, ainsi que Turold. Et, rapidement, c'est moins la geste de Roland qui fascine que le parcours des comédiens : leur difficulté à incarner tel ou tel personnage, l'apprentissage de la lecture, le sauvetage d'un supplicié enrôlé dans la troupe, la découverte d'un village décimé par des chevaliers, puis l'attaque qu'ils ont à subir, où la mort du poète finit par rattraper celle du grand héros. C'est la fin d'une certaine poésie, de la littérature contée, chantée, orale et itinérante. La mort de la voix, celle de Turold, portée par Jean-Pierre Kalfon, qui accompagne en off le récit, de sa voix douce, grave, posée, une voix de conteur qui contribue à nous immerger dans cette histoire doublement passionnante.


La Chanson de Roland de Frank Cassenti avec Klaus Kinski, Jean-Pierre Kalfon, Alain Cuny, Niels Arestrup, Jean-Claude Brialy, László Szabó et Dominique Sanda (1978)

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