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21 février 2015

Comme des frères

Quand Charlie (Thierry Mélanie) clamse, les vies de Boris (François-Xavier Demaison), Elie (Nicolas Duvauchelle) et Maxime (Pierre Niney) volent en éclats. Ces trois hommes avaient pour Charlie un amour singulier. Elle était leur sœur, la femme de leur vie ou leur pote, c’était selon. Sauf que Charlie est morte et ça, ni Boris, homme d’affaires facho accompli, ni Elie, scénariste nymphomane, ni Maxime, 25 ans toujours puceau, ne savent comment y faire face. Mais, parce qu’ils avaient prévu de partir tous ensemble en Corse pour un roadtrip sans permis, ils décident de s'y rendre tout de même, comme une catharsis. Seulement voilà, 900 kilomètres coincés dans une C5, à la merci de la stupidité de ses occupants, quand on a pour principal point commun un attachement pour la même femme-enfant, c’est long… Boris, Elie et Maxime, trois hommes endeuillés, trois générations brisées, et zéro affinité sur le papier, se retrouvent donc engagés dans un voyage qui n'aurait jamais dû commencer. C'est le début d'un long supplice pour le spectateur.




Hugo Gélin est le fils de Xavier Gélin, le petit-fils de Daniel Gélin et Danièle Delorme, l’arrière-petit-fils d’André Girard et le neveu de Maria Schneider, Manuel Gélin et Fiona Apple. C'est son premier long métrage et, on l'espère de toutes nos forces, le dernier. Comme des frères a été projeté pour la première fois au festival de Cannes 2012, lors d'une séance spéciale pour les exploitants. Cette séance fut un échec total puisque tous les exploitants quittèrent la salle lors de cette scène où Nick Duvauchelle retire le bas. Malgré cela, ce passage inespéré sur la Croisette a laissé un très bon souvenir à toute l'équipe du film, et tout particulièrement à la starlette Mélanie Thierry. "La veille de la projection-test, se souvient-elle, on s’est retrouvés tous les quatre dans ma chambre d’hôtel autour d’une bouteille de shampoo. Au début, on se regardait tous en chiens de faïence car cela faisait plus de 8 mois que nous nous étions pas vus, depuis la fin du tournage. Pierre était quant à lui en chien de fusil sur le lit. Au bout d'un moment, pour rompre un silence de mort, Nicky s'est mis à faire des percussions sur un coin de table, c'était du dubstep amateur dont il a le secret, il complétait la section rythmique de ses morceaux par des acrobaties vocales dignes du Scatman. Bip papapa lopo. Après un petit moment de malaise, on s'est rapidement mis à danser en regardant la mer. Puis, sous l'impulsion de FX 2Maison, on s'est tous mis à saisir les objets qui nous tombaient sous la main, qui devenaient autant d'instruments plus ou moins mélodieux. On avait strictement rien à se dire, mais la musique parlait pour nous. C'était un retour aux racines même de l'humanité. Il faisait beau et on était sincèrement heureux de se retrouver." Ce que Mélanie Thierry ne dit pas, c'est que ce petit bœuf n'a duré qu'une dizaine de minutes, c'est-à-dire jusqu'à ce que le propriétaire de l'hôtel, à cran, finisse par péter un boulon avant d'appeler les flics pour tapage diurne. Une accusation qui d'habitude se règle à l'amiable mais qui a cette fois-ci débouché sur un procès médiatique sanctionné d'une peine de prison ferme pour le réalisateur Hugo Gélin. On s'en réjouit !




Le tournage de Comme des frères s'est déroulé à plusieurs centaines de kilomètres de Paris, notamment dans le sud de la France, plus exactement dans les Landes. Cette région fut choisie par Hugo Gélin pour sa soi-disant ressemblance avec les paysages de l'Île de Beauté. A l'écran, cette prise de liberté ne pardonne pas. Les routes corses n'ont jamais été aussi droites. Autre souci : cet éloignement de la capitale gênait considérablement les acteurs, notamment Nick Duvauchelle qui n'arrivait plus à se fournir en coke. Mais au bout d'un mois de tournage, ponctué par les prises de becs et les menaces de stars incapables de supporter l'isolement, la petite bande a fini par s'adapter. François-Xavier Demaison raconte : "On séjournait dans un petit motel en bord de mer et on se baignait à la pause déjeuner, au grand dam de l’assistant réalisateur, paniqué à l’idée des raccords !". Si les acteurs se sont bien amusés à jouer dans l'eau entre les prises, dites-vous que l'assistant réalisateur avait raison de voir rouge. François-Xavier Demaison a peu de cheveux, certes, mais cela se voit tout de même quand, d'un plan sur l'autre, ses quelques mèches apparaissent collées par le sel avant de se mettre à danser le tango sous l'effet d'une légère brise à l'image suivante. Nick Duvauchelle a beau être assez beau mec, c'est choquant de voir ses tétons pointer sous son t-shirt mouillé d'abord, puis cachés derrière un pull à col roulé fuchsia ensuite. Fayot du dirlo photo, seul Pierre Niney obéissait aux directives et était raccord entre les plans. Faut dire qu'il ne sait toujours pas nager... De toute façon, avec les litres de gel qui recouvrent en permanence ses cheveux, on aurait rien calculé.




Plus triste encore, Comme des frères est une nouvelle comédie française à classer dans la catégorie des films qui semblent conçus pour nous faire pleurer et nous coller une sévère dépression. Les couleurs dominantes sont gris clair et gris foncé, avec parfois quelques nuances : gris amiante, jaune pisse, rouge sang, vert glauque et blanc cassé. Conseil amical : regardez ce film un beau jour de printemps, dans une pièce bien illuminée avec, si possible, une baie vitrée donnant sur un jardin fleuri rempli d'animaux de compagnie bienveillants et de jeunes femmes dans le plus simple appareil. Autrement, c'est le cafard assuré. Plus simple : ne le regardez pas. Même quand notre trio infernal pique-nique dans un champ, sous un soleil de plomb et un ciel que l'on devine d'un bleu éclatant derrière les filtres utilisés par Gélin, tout paraît gris et mort. Comme dans beaucoup de films français, la prise de son est également à chier et n'arrange rien à notre mal de crâne. On cherche les sous-titres anglais sur le net, histoire de piger une ou deux phrases. En vain. Il faut dire que Nick Duvauchelle n'est pas non plus réputé pour son excellente diction, et que François-Xavier Demaison a davantage de poils sur la langue qu'au-dessus du crâne.




Ce film est aussi l'occasion de constater le mépris parisien pour la province. Dans une campagne plate, pas de réseau. Nos personnages perdent patience ! Ils montent dans un bus sans âge, tout droit sorti des années 80, qui les emmène droit vers les emmerdements sur une départementale toute cabossée. Beaucoup de mépris aussi pour la populace locale, que ce soit des gendarmes bien intentionnés, qui leur demandent un autographe parce que l'un d'eux est le fils d'un acteur de feuilleton télé minable, ou des vieux sympathiques, qui supportent avec le sourire leurs attitudes hautaines dans l'autobus. Le comble du glauque est atteint lors de cette scène hautement anxiogène dans un night club d'Aix-en-Provence où les trois zigotos ont l'air de penser très fort au suicide, coincés dans un décor vraisemblablement inspiré de la ville de Pripiat (Припять), subissant les amusements des dégénérés mentaux qui les entourent. Ils finissent toutefois par se prendre au jeu et Nick Duvauchelle nous livre une interprétation coup de poing de la chanson phare de Toto Cotugno, L'Italiano. L'acteur a perdu 3685 followers sur Twitter et 25850 fans sur Facebook suite à cette scène (alors qu'il n'en comptait pas tant), sans parler de ses cheveux...




Le film, qui a le look d'un téléfilm de sixième partie de soirée, est construit comme un road movie freiné dans sa course laborieuse par un enchâssement ridicule de flashbacks explicatifs. Un premier flashback nous montre une scène de foot entre amis, qui ferait détester le foot entre amis à n'importe qui. Ces flashbacks rythment le film et nous sont utiles pour comprendre les liens qui unissent les personnages entre eux, et leur rapport spécial avec Charlie, interprétée par Mélanie Thierry, la raie humaine (Aetobatus narinari thierry). Charlie tousse, elle a des glaires, elle est malade, mais le cache à ses meilleurs potes, pour ne pas les embêter avec ça. Dans mon cercle de potes, je passe pour celui qui aime défendre les femmes aux tronches originales, celui qui se plaît à souligner leur charme singulier, quitte à me retrouver dans la situation d'Erin Brokovich, c'est-à-dire seul contre tous. Avec Mélanie Thierry, je peux pas. Je déclare forfait. J'aime l'atypique et tout ce qui est de guingois. Mon vieil appartement en est la preuve. Mais Mélanie Thierry dépasse mon seuil de tolérance. Elle passerait inaperçue au milieu de la fameuse clique de fumeurs de oinjs de Courtauly & Saint Benoît, avec sa tronche de belge enfarinée et ses habits de clodo. Elle passerait incognito au marché de Mirepoix, entre deux vendeurs de fripes, en train de mendier quelques centimes auprès de touristes anglais à bout de nerfs.




Dans une scène ô combien méprisable, on s'aperçoit que, comme d'habitude, ces personnages sont richissimes et habitent dans des appartements de 8000m² avec jardin, en plein cœur de Paris. Ils n'hésitent pas à insulter sans ménagement leur domestique d'origine chicanos quand celle-ci les gêne pendant qu'ils jouent à Fifa 12 sur un écran mural de 4 mètres d'envergure. Ils sont donc misogynes en plus d'être racistes. C'est à la suite de cette partie de foot virtuelle qu'ils apprennent la mort de Charlie. Et c'est là qu'on se rend compte que ce ne sont pas des mauvais acteurs, mais de très mauvais acteurs. On ne peut s'empêcher de souhaiter une mort rapide bien qu'extrêmement douloureuse à chacun de leur personnage. Pierre Niney passe tout le film sur la banquette arrière, sans ceinture de sécurité, la tronche plongée entre les deux sièges avant, déblatérant des saloperies à ses deux collègues, à la façon d'un débile mental sous acide. En le voyant comme ça, on ne rêve que d'une chose : que le conducteur freine un coup sec. Et est-ce normal d'avoir envie de s'arracher le cœur quand Nick Duvauchelle apprend, les larmes aux yeux et dans une interprétation qui cumule tous les clichés, qu'il va être papa ?!

Ce film confortera les haters du cinéma français dans leur opinion et leurs préjugés. C'est à pleurer.


Comme des frères d'Hugo Gélin avec Nicolas Duvauchelle, François-Xavier Demaison, Mélanie Thierry et Pierre Niney (2012)

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