25 septembre 2014

Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ?

Qui se décidera à écrire une thèse sur tous ces succès populaires gigantesques pour tenter de nous les expliquer ? Rien qu'un petit mémoire, qui nous éclairerait sur les raisons pour lesquelles un tel film devient le plus gros carton au box office français en 2014 ? Un film si peu drôle, si prévisible, rempli de personnages tous plus haïssables les uns que les autres, bien décidé à faire son beurre sur les clichés sous couvert de les dénoncer et réconciliant in fine ses horribles personnages ouvertement racistes* mais pardonnés de l'être au prétexte que tout le monde l'est soi-disant un peu ? Et les mâles dominants belliqueux de trouver leur terrain d'entente dans la chasse, la pêche et la tradition (comprendre : la bouffe, le pinard et la marseillaise chantée la main sur le cul), tandis que les femmes font la popote et la vaisselle. C'est en fait un simple remake croisé des deux derniers gigantesques succès franchouillards : Bienvenue chez les Ch'tis et Intouchables, à travers la réconciliation des blancs et des noirs (cependant ici tous exceptionnellement riches) dans l'alcool. Mélangez un grand succès populaire et un autre et nous ne vous ferons pas de dessin pour vous expliquer ce que ça donne. C'est des mathématiques. Mais, autre problème de mathématiques, on ne peut pas s'en prendre à 12 millions de gens. On a tous des collègues, des proches, des gens qu'on aime sans réserve, qui sont allés voir ce film au cinéma et qui l'ont "bien aimé". Loin de nous l'idée de les condamner (et puis comment s'y prendre concrètement ?).




Mais le fait est que ce film n'a rien à faire sur notre blog, ni sur aucun blog de critiques de cinéma. Tous les voyants sont au rouge, toutes les jauges sont au plus bas, rien n'indique que l'on est face à un sujet digne d'être traité autrement que comme une sous-merde filmique. On s'était jurés de ne pas dire le mot "merde" dans cet article... Il nous a pris en traitres à la fin de la phrase. Impossible de rentrer dans la critique neutre et polie avec ce genre de truc, ou c'est le mal de crâne assuré, d'autant plus qu'on cumule à nous deux cinq heures de sommeil sur deux jours et trois nuits, alors qu'on a besoin de nos 8 heures par nuit pour être bien. Quand on se couche à 10h, on se lève à 10h, quand on se couche à 11h, on se lève à 11h, etc. Le tour du cadran sinon rien. D'ailleurs on nous appelle comme ça, "Tour du cadran". C'est la seule chose qui nous définit. En semaine on doit se lever à 6h pour le taff. Faites le calcul. Couchés à 18h. Ca fait une vie plutôt courte. Allez placer un film là-dedans vous... Faut avoir envie. Alors quand le film c'est celui-là, et que t'es au radar pendant deux semaines à cause de lui, la critique ne peut pas échapper à certains mots de secours.

* Pire, le meilleur (disons le moins triste) personnage du film n'est pas sur l'affiche. Il s'agit d'André Koffi, le père tyrannique de Charles, aka le gendre noir de Claveçin et Lobby. Interprété par le très en verve Pascal N'Zonzi, ce personnage est un jobard de première. Revoyez vos sempiternelles listes hebdomadaires des 30 Greatest Movie Villains of All Time, le Alex Delarge d'Orange Mécanique, le John Doe de Se7en, les Norman Bates de Psycho, Jack Torrance de Shining, Hannibal Lecter, Augustin Trapenard, Dark Vador et autres Joker du Dark Knight de Nolan se font coiffer de loin par André Koffi, pur vilain.


Qu'est-ce qu'on a fait au bon dieu ? Mais qu'est-ce tu fais ? Mais qu'eeeeeeeest-ce tu fais ? What da ? de Philippe de Chauveron avec Christian Clavier, Chantal Lauby et 12 millions de spectateurs (2014)

8 commentaires:

  1. Ca a pas l'air bien d'après les critiques ;(

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  2. Ça me donne envie de voir ce succès planétaire. Merci.

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  3. L'astérisque m'a convaincu de le regarder !

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  4. Je me fie toujours à l'avis des spectateurs sur le site allociné. J'ai rarement été déçu de ce procédé. Une fois, par jeu je pense, je me suis fié aux avis des critiques et j'ai décidé de regarder le meilleur film du moment selon eux, c'est-à-dire Holy Motors. Après avoir cette "chose" qui plus proche de la déjection canine que de l'oeuvre cinématographique, j'ai décidé d'arrêter de jouer à ce jeu.

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  5. 8h par nuit, ça ne fait pas un tour de cadran.

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  6. Depuis quelques années (en gros, depuis la série des 'Astérix'), Clavier semble de moins réellement présent dans les films auxquels ils participent. Comme s'il avait été remplacé par son sosie extra-terrestre (façon « body snatcher ») qui, désormais, se contenterait ouvertement de prendre l'oseille et de se tirer. Je ne peux pas affirmer que c'est également le cas dans le présent film, ne l'ayant point vu, mais c'est l'impression qu'il m'a donné dans la bande-annonce. Ceci étant dit, c'est le genre de film (je parle encore d'après la b.a. et les extraits croisés) où TOUT paraît de synthèse, ce qui pour moi s'oppose à l'adjectif « populaire », que je continue d'employer dans son ancien sens. « Populaire », à une époque, cela s'appliquait à des choses qui faisaient preuve d'une certaine qualité organique, un mélange de verdeur brute de décoffrage et de foi du charbonnier qui pouvait se manifester de façon très piètre mais aussi, parfois, formidable et inégalable. Quand le mot « populaire » s'applique à l'aïefone 12,8 ou à 'Cinquante nuances de Blanc cassé', pas étonnant que la dite « comédie populaire » devienne ce qu'elle devient.

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  7. Je l'ai maté et figurez-vous que j'ai bien ri. Notamment grâce au papafricain, méga papaouté papaouté. Mais pas que. Je ne l'ai pas trouvé aussi chaud qu'on m'avait dit (et pourtant vous savez que je suis rapide à déclencher mes pare-chocs anti-saloperies, mais là j'ai trouvé que ça se finissait plutôt pas trop mal, et pas mal de trucs m'ont fait marrer, notamment grâce au montage, parfois sec et osé, au scénario (complètement con mais sans beaucoup de temps morts, et surtout sans logique) et même aux acteurs (notamment le "juif" qui a quelques expressions faciales inattendues bien débiles). Je trouve que ça vole très très haut au-dessus des Chtis, ouais. Après, ça reste pas grand chose, hein, et c'est à mille lieues d'un Hibernatus, par exemple, ce qui veut dire beaucoup de choses. Mais franco, je m'attendais à pire et je suis plutôt satisfait. J'ai bien rigolé et c'est pas queud (le fait de l'avoir regardé à la fin d'une longue journée concluant une longue semaine aidant peut-être).

    Il y a une scène sur laquelle il faudrait écrire toute une thèse, aussi, c'est l'arrivée en Afrique de Charles, en avion. Incompréhensible, cette scène.

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