Pages

19 septembre 2011

Revenge

Ce film est le pendant scandinave de la trilogie d’Alejandro Gonzalez Iñarritu basée sur les scénarios de Guillermo Arriaga : Amours Chiennes, 21 Grammes, Babel. Et venant de moi ce rapprochement n’est pas à prendre comme un grand compliment. On y retrouve en effet les mêmes genres de personnages dont les destins se croisent et s'entrechoquent. On assiste, tétanisé, à la même escalade dans la connerie des faits et gestes de ces personnages, une débilité à toute épreuve qui les entraîne inévitablement dans une même spirale de la violence. Et, dernier détail plus original, ces personnages évoluent dans le même « village-monde », ils apparaissent toujours connectés alors que des milliers de kilomètres les séparent. Les distances sont effacées. L’un des personnages principaux est un suédois qui travaille en tant que médecin au Soudan. Il rentre régulièrement au Danemark pour retrouver son fils et son ex-femme. Lorsqu’il fait ses allées et venues, on le voit seulement monter dans un 4x4, et le plan suivant nous montre son fils l'accueillir à la gare, ravi. Les différents lieux de ces films paraissent concomitants, directement reliés, comme les personnages entre eux, en plein chaos. C'est comme pour souligner que l’origine de tous leurs problèmes vient pourtant bel et bien d’un gros défaut de communication : le grand paradoxe de notre monde actuel, si l’on en croit ces deux cinéastes éclairés. Le working title du film n'était autre que Civilisation, c'est dire l'ambition de Susanne Bier !


L'an passé, Susanne Bier (à gauche) et Alejandro Gonzalez Iñarritu (au centre) concourraient pour le même Oscar du meilleur film étranger. La statuette est revenue à la danoise, émue jusqu'aux larmes.

Tandis que les trois films d’Iñarritu sont autant d’illustration du désormais fameux adage « Le battement d’aile d’un papillon au Brésil provoque une tornade dans mes techios », de son côté Susanne Bier se consacre ici essentiellement à la fameuse Loi du Talion. Comme l'indique son titre, il est donc principalement question de vengeance dans ce film où nous suivons deux familles éclatées, liées par deux petits garçons d'une dizaine d'années. Le premier vient de perdre sa mère et déménage au Danemark, chez sa grand-mère, en compagnie de son père avec lequel il a des rapports quasi inexistants. Le second vit quant à lui chez sa mère et voit son père au grès de ses retours d’Afrique ; il est le souffre-douleur de son collège où il subit la loi d’une bande de petites frappes. Très vite, les deux garçons deviendront amis et le premier entraînera le second dans sa folie destructrice (je fais très très court, parce que quand je résume des films de ce genre, je peux faire tomber les gens dans le coma - j'ai déjà failli perdre Rémi en lui racontant Babel !).


Dans la grande tradition des duos de gosses à foutre en taule...

Si Revenge m’a rappelé les films d’Iñarritu, c’est aussi parce que les deux cinéastes sont adeptes de la surenchère, de l’accumulation, dans un style parfois assez lourdingue. Susanne Bier en fait souvent trop, frisant parfois le mauvais goût et le ridicule, comme lorsqu’elle nous met des chants dignes des jingles pubs de France Télévisions alors qu'elle filme le médecin en plein dilemme existentiel (au Soudan, son intégrité professionnelle le pousse à soigner l'homme qui tyrannise la pauvre population des alentours, celui-là même qui lui amène des ribambelles de "patientes" : généralement des femmes enceintes qu'il s'amuse à éventrer - mais là aussi je fais court !). Ce manque de finesse est bien dommage, car tout n’est pas à jeter dans Revenge. Il y a même des choses intéressantes, à commencer par ce personnage de médecin, justement, incarné par l’acteur Mikael Persbrandt, très bon, très pro. C’est bien le seul protagoniste qui n’agit pas trop connement et qui n’apparaît pas complètement sacrifié par un scénario impitoyable. La relation des deux petits garçons, joués par des acteurs vraiment doués, est elle aussi assez crédible et plutôt bien vue. Susanne Bier capte assez bien le basculement de leur amitié vers quelque chose de malsain. Le film a aussi eu le mérite de m’apprendre qu’il semble exister un féroce racisme à l'encontre des Suédois au Danemark, ce que j’ignorais.


Heureusement, le film se termine bien.

De la même façon que les trois films d’Iñarritu, Revenge a été couvert de prix. Ce film a par exemple gagné le tant convoité Oscar du Meilleur film étranger l’an passé, ce qui est finalement peu surprenant étant donné que cette cérémonie n’a l'air capable que de récompenser le cinéma qui lui ressemble le plus (ou celui qui parvient à réussir ce qu’il ne sait plus faire, comme ce fut le cas avec le remarquable Dans ses yeux de Juan José Campanella). Mais l'inévitable adoubement de Susanne Bier par Hollywood n'est pas si récent, puisque la réalisatrice avait déjà pu réaliser un film outre-Atlantique dès 2007 : Nos Souvenirs Brûlés, un autre drame XXL taillé sur mesures pour un couple d’acteurs fraîchement oscarisés, Halle Berry et Benicio Del Toro. Y’a pas à dire, c’est une recette qui marche. Mais personnellement, si ces films parviennent souvent à me captiver, je dois avouer qu'ils sont bien loin de me convaincre. C'est un peu facile tout ça.


Revenge de Susanne Bier avec Mikael Persbrandt, Trine Dyrholm et Ulrich Thomsen (2011)

10 commentaires:

  1. Je le materai pas, foi d'animal. "Babeulè" a eu deux fois ma peau, quand tu me l'as raconté et quand je l'ai maté. Ras-le-cul du "village-monde" et du battement d'aile de ma couille gauche qui fait le tour de mon slip sans faire remuer ma bourse droite.

    RépondreSupprimer
  2. Je vote même pour "à chier", et je l'ai pas vu !

    RépondreSupprimer
  3. Je suis surpris que vous ayez chroniqué ce film. Il n'y a pas grand chose à en dire. Revenge veut raconter trop de choses. Le récit s'éparpille. De fait, il n'est pas intéressant dans son développement.

    RépondreSupprimer
  4. Franchement je vois pas quelle différence il y a entre un suédois et un danois, ça reste deux grands blonds super sympas ! C'est les Norvégiens les méchants ! C'est eux les méchants ! Laisse-les, Synok, c'est les autres les méchants !

    RépondreSupprimer
  5. Aï Dios mio de Devedad ! Aïïïïïïïïïïïïï ! No firme !

    RépondreSupprimer
  6. c'est un super film :((

    RépondreSupprimer
  7. "il est le souffre-douleur de son collège où il subit la loi d’une bande de petites frappes"

    Est-ce que l'une de ces petites frappes est jouée par Eduardo Noriega, connu pour ses rôles de petites frappes ?

    RépondreSupprimer