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17 février 2011

Captifs

Il y a une idée dans ce film. Une petite idée, certes, mais c'est déjà ça. Vous êtes-vous déjà allongé sur la banquette arrière d'une bagnole, pour vous reposer tout en vous laissant bercer par le bruit du moteur et par un soleil venant régulièrement caresser vos paupières au rythme de ses apparitions aléatoires ? Sans doute. Tout le monde a dû faire ça, surtout quand on est gosse, j'imagine. Cette situation offre un réel réconfort, c'est un moment où l'on se sent en général fort bien et où on en vient parfois jusqu’à espérer que le voyage ne se termine pas de si tôt. Sauf si on a facilement mal au cœur en bagnole parce que là, c'est pas la position la plus stable, bien entendu. Eh bien dans Captifs, le dénommé Yann Gozlan met très platement en image cette situation, qui évidemment précède ici le drame, l'horreur. Zoé Félix est une infirmière au sein (qu'elle a tout petits mais très fermes) d'une équipe humanitaire en mission dans les Balkans. Elle traîne en compagnie de deux tocards-trimards-queutards qui, entre eux, échangent quelques dialogues assez fous. Parmi eux, Arié Elmaleh, le frère des comiques Gad et Fid. Lui aussi est comique, puisqu'il demande à son collègue "T'étais au Darfour toi ? C'était chaud là-bas, pas faux ?". Si c'est une improvisation, on ne lui en veut pas. Mais si l'auteur de ce film a réellement écrit ça dans son scénario, c'est assez osé. Faut l'écrire, une saloperie pareille. Et faut surtout oser la dire. Mais bien évidemment, dans la bouche d'un acteur de la trempe d'Arié Elmaleh, vous vous doutez bien que ça passe comme une lettre à la poste... Quelques minutes plus tard, nous nous retrouvons donc en compagnie de notre trio de zigotos en bagnole, et c'est là que déboule sans qu'on s'y attende une idée.




La fine équipe traverse des paysages que je situerai plutôt dans les Vosges du Nord et certainement pas dans les Balkans, bien que certaines parties des Vosges du Nord fassent effectivement penser sans forcer au Kosovo. Zoé Félix est à l'arrière accoudée aux sièges avants, tandis que nos deux compères aux dialogues terribles débattent sur le fameux thème "Zidane ou Platini, lequel est le meilleur joueur de foot français de l'Histoire ?". Les deux acteurs ont réellement l'air très impliqué, le jeune Arié Elmaleh défendant Zidane becs et ongles, tandis que son plus âgé interlocuteur rappelle les statistiques enviables de Platoche, véritable serial buteur que le natif de la Castellane n'était pas. En fait, je précise qu’ils n'évoluaient pas exactement au même poste. On pourrait dire que Zizou était presque un 8 et demi alors que Platoche, c'était plus du 9 et demi. Le mec de la génération Zidane qu'on peut comparer à Platini, c'est Djorkaeff, et là y a pas photo : Youri est au-dessus. Bref, tout ça pour dire qu’on compare pas les torchons et les serviettes. Moi j'avais 12 ans en 1998, donc vous imaginez bien vers qui se porte ma préférence, c'est à dire son pote Duga, trop sous-estimé, technicien hors-pair et actuellement commentateur de génie à la manque sur Canal+. A voir échanger nos deux personnages avec virulence et animosité, on se dit que les deux individus, certainement animés d'une passion bien réelle pour le ballon rond, pourraient continuer pendant des heures, et que peut-être le script n'en révélait pas tant. Car ensuite, le débat s’oriente sur les gardiens de but de l’EdF avec la grande question que tout le monde s'est posée : fallait-il maintenir Fabulous Fab dans les cages en 2006 ? Question à laquelle l’Histoire s’est chargée de répondre positivement à deux reprises en nous amenant d'abord jusqu’en finale de la Coupe du Monde, une compétition où le divin chauve nous a sauvé une ou deux fois, et en nous ridiculisant ensuite lors de l’Euro 2008, où son successeur et concurrent d’hier Greg Coupet s’est contenté de mater les ballons filer dans ses filets, tout en gardant sur son visage de pornstar son légendaire sourire. Greg' Coupet est un fameux goal de merde, mais je le trouve "à craquer", j'avoue. Bref.




C'est donc à ce moment-là que, las et abattue, Zoé Félix décide d’enfiler ses boules quiès et de s'allonger à l'arrière, pour passer le reste du trajet au calme. Yann Gozlan, au sommet de son art, nous gratifie alors d'une série de champ-contrechamp d'une efficacité redoutable. Plan serré sur la tronche détendue de Zoé Félix, dont les paupières sont mi-closes. Plan sur ce qu'elle regarde avec insouciance : le feuillage défilant et le soleil apparaissant puis disparaissant derrière les arbres en bordure de la route. Champ-contrechamp, champ-contrechamp, champ-contrechamp, on n’en peut plus, champ-contrechamp, quand est-ce que ça s’arrête ta race, champ-contrechamp. CONTRECHAMP ! Le soleil a disparu, le feuillage se fige : la bagnole n’avance plus, et alors que nous sommes encore plongés dans le silence imparfait vécu par Zoé Félix, un point rouge vient naviguer sur sa tronche pour menacer de lui faire un troisième œil. C’est le tournant du film, l’élément perturbateur de cette histoire à la con : Zoé Félix et ses deux collègues sont pris d’assaut par une bande organisée de yougoslaves de mauvais poil et armés jusqu’aux dents. La scène pourrait être plus réussie si le personnage de Zoé Félix, enfin sorti de sa léthargie, ne se mettait pas à commenter en détails ses moindre faits et gestes. Alors qu’elle est priée de bien vouloir sortir de la bagnole par un yougo cagoulé à l’accent vosgien mal dissimulé, Zoé Félix commente ainsi la situation : « Je me fige, soyez rassurés, je ne suis pas armée, je lève les mains en l’air, je suis tenue captive, ça y’est, vous m’avez capturée, c’est le début du film, nous sommes captifs ». De mon côté, j'ai choisi de m'arrêter là, et je ne suis pas allé plus loin. Y’avait du foot à la télé : Arsenal-Barça, sur Canal+, présenté par Zizou. C’était fameux. Même en crypté j’ai pris mon pied.


Captifs de Yann Gozlan avec Zoé Félix et Arié Elmaleh (2010)

18 commentaires:

  1. Ca faisait longtemps qu'on s'était pas autant marré ici ! J'adore les articles "sérieux" et j'aime d'autant plus qu'ensuite quand un article rigolo intervient on s'y attend moins et fout envie de pisser de rire !

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  2. Je trouve cet article très sérieux, on oublie vite qu'en 2006 y'avait vraiment eu débat sur le fait de ne pas mettre Barthez aux cages, c'est bon de nous rapeller que Greg Coupet est un méga connard.

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  3. Je précise que je n'ai rien inventé, tout est dans le film.

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  4. Je suis ravi de ne pas avoir vu ce film. Ça me colle à la tronche un sourire au moins aussi hideux que celui de Coupet. Quelle tête de con il se payse ce connnnaaaaaaaaaaaaard.

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  5. Zoé Pélix ! En fait, Barthez ne sortait plus, c'était ça son problème, il ne sortait plus sur les corners ! Mais je préfère 100 fois un Barthez qui ne sort pas qu'un Greg Coupet au faîte de sa forme !

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  6. Il n'était pas le seul fautif sur corners et autres "coups de pied arrêtés" ! Sous l'ère Domenech, la défense française était particulièrement pourrie dans ce domaine. Et on l'a payé cher !

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    1. Elle est toujours pourrie dans ce domaine :(

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  7. T'es branché latinos, poulpeux ?

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  8. Je veux juste préciser que je ne suis pas pierre mendes gaule. Et que la personne derrière ce pseudo a toute mon admiration.

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  9. Contre la Suisse, Barthez nous sauve !

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  10. Mine de rien, sortir Barthez pour les pénos aurait peut-être changé la donne...

    Mais bon, couteau, plaie tout ça...

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    1. Arrête ça tout de suite...

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    2. Landreau c'est genre un penalty arrêté sur 3... Barthez il en touche pas un...

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    3. S'il sort Barthez et qu'on paume, tout le monde s'indigne qu'on puisse ainsi bafouer le Fabulous Fab pour en prime paumer avec l'autre nantais nain aux yeux rapprochés dans les filets. Cqfd. Sois pas ouf !

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    4. N'empêche qu'on a quand même paumé... Et Sagnol aurait certainement eu une toute autre carrière en temps que coach s'il avait soulevé le trophée "coupe du monde"

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