Pages

8 janvier 2011

The Killer inside me

Dieu seul sait pourquoi j'ai regardé ce film, mais même le Tout-Puissant, dans Son infinie sagesse, doit ignorer pourquoi je l'ai maté jusqu'au bout... The Killer inside me, réalisé par Michael Winterbottom, raconte l'histoire d'un jeune shérif nommé Lou Ford et interprété par Casey Affleck, qui bosse dans une petite bourgade rétrograde du Texas et qui est chargé d'aller à la rencontre d'une putain sédentaire incarnée corps et âme par une Jessica Alba très à l'aise dans son rôle. Notre Shérif Lou Reed est censé l'expulser de la ville fissa. Mais cette péripatéticienne professionnelle s'en prend tout de suite à lui, alors qu'il ne lui a rien fait, et le gifle violemment à plusieurs reprises jusqu'à ce qu'il la force à s'aplatir sur le lit de sa vieille cambuse et lui pulvérise le cul à grand renfort de coups de ceinturon. La "pouffiasse", y'a pas d'autre mot, prend son pied à deux mains tandis que son fessier bulbé se met à méchamment ressembler à un jacuzzi bouillant. Sur ce, les deux débiles s'envoient en l'air à cent à l'heure, et c'était le début du film. Pourquoi aller plus loin ?




Mais pourquoi pas ? C'est ce qu'on se dit. On a tort de se dire ça mais on se le dit quand même. C'est typique avec ce genre de polar psychologique à trois euros. Pourquoi et pourquoi pas ? Va savoir avec Gérard Klein... Ça nous fait ni chaud ni froid. On s'en tape carrément à vrai dire. Mais on va au bout du tunnel. Le tunnel justement c'est quoi ? C'est l'histoire de ce shérif complètement taré qui est en réalité un tueur sadique, machiavélique au dernier degré et très peu malin à la fois. Pour empocher du blé et régler une obscure affaire de vengeance, il tue la pute dont il avait entre-temps fait sa maîtresse à plein temps, ainsi qu'un autre type qu'il connaissait depuis toujours et qui apparemment lui avait jadis fait une crasse ou que sais-je. Toujours est-il que cet ex-camarade d'école est assassiné sèchement, abattu de quatre balles tirées à bout portant dont une dans le front. En revanche, Jessica Alba subit un sort moins appréciable. La scène où Lou Ford Madox Ford la tue est assez rude, assez rugueuse oui...




Sans crier gare et sans que la jeune femme ne s'y attende, sans même qu'elle comprenne ce qui lui arrive, le shérif, après l'avoir baisée une énième fois, enfile des gants et se met à pincer le nez de sa roulure préférée, à lui coller quelques gifles, ce à quoi elle ne réagit pas puisqu'elle est habituée à se faire destroy pour le plaisir. Mais rapidement il se décide à lui envoyer d'énormes tampons dans la tronche, de plus en plus fort, tout en lui parlant, au point de finalement la coller au mur pour frapper dans son visage sans interruption et de toutes ses forces, longuement, fondant sur ce joli minois défragmenté comme une sauce carbo fond dans la bouche d'un fin gourmet. La fille ressemble à un steak haché depuis un bon bout de temps mais il continue encore à la tabasser, et rien ne nous est épargné ni de la violence des coups, dont témoignent entre autres les bruits secs du poing qui s'écrase sur ce bel hamburger osseux qui servait encore de faciès à Jessica Abats-de-veau cinq minutes plus tôt, ni dudit Big Tasty qui dégouline contre le mur et se brise en miettes. C'est donc une scène peu banale, qui rappelle vaguement, en mille fois plus violent et dérangeant, une scène du Doulos de Melville où Belmondo foutait une branlée avec gros pacson de baffes à la clé à une prostituée blonde pour la faire parler. Non en fait ça n'a pas grand chose à voir... Ça rappelle plutôt la scène d'Irreversible où Dupontel détruit la tête d'un type avec un extincteur, ou le flash-back de Kill Bill qui voit Uma Thurman se fait ramasser dans une église, et davantage encore cette séquence de Fight Club dans laquelle Edward Norton s'acharne sur le visage d'un blondinet avec distribution de pins dans la gueule au menu, au point de l'éclater en petits morceaux. C'est une scène peu banale donc... Vue, vue, vue et revue. Mais jamais vue par Michael Winterbottom, qui n'a peut-être rien vu de tout ça et qui a dû trouver cette idée non seulement originale mais brillante. A moins qu'au contraire il n'ait vu tous ces films, ce qui tendrait à l'enterrer encore plus profond.




Après ça le shérif est traqué par d'autres flics plus avisés que lui qui le soupçonnent lourdement car ses alibis ne tiennent pas debout (rappelons que notre anti-héros adoré n'a pas la lumière à tous les étages, et qu'il est même relativement con). Il poursuit donc ses pérégrinations, tuant un témoin puis assassinant sans raison sa propre épouse à coups de bottes dans l'estomac, alors qu'il comptait l'épouser, et aussi un autre type qui le faisait chanter... Et tout au long de cette intrigue nous suivons Casey Affleck, certes bon acteur, charismatique, et plutôt confortable dans ce rôle de doux dingue, mais qui n'a de cesse de déblatérer en voix-off, avec une voix bien à lui et proprement insupportable, des inanités, et dont le personnage se souvient régulièrement d'une enfance atypique. Abandonné très tôt par sa mère, le jeune Lou Ford a dû négocier avec un frère adopté par son paternel et susceptible de pomper une partie de son héritage, avec une belle-mère avide de roustes qui lui demandait de lui cuire le cul pour faire comme papa et qui lui donnait des photos d'elle cuisseaux grands ouverts sur la vallée de la mort, et enfin avec sa propre libido déjantée dès l'âge de 7 ou 8 ans, soulagée sur de plus petits enfants que lui qu'il violait dans des bagnoles. Typiquement le genre de type dont mon père dirait avec une triste moue : "Il est pas trop tranquille, ce jeune". Pierre Perret a fort justement dit : "T'en fais pas mon p'tit Lou, c'est la vie, ne pleure pas, t'oublieras mon p'tit Lou, ne pleure pas". Dans le mille Pierre Paul Jack. Et toute cette saloperie d'enfance, mêlée à un commentaire en off presque neutre de la part du meurtrier, ainsi qu'à quelques sourires diaboliques de Casey qui cèdent le pas à un visage inexpressif ou innocent, font du héros de ce film un gros malade mental, victime d'une société pourrie, reflet du fin fond de l'Amérique que l'introduction du film présente comme un monde impitoyable qui veut que l'on soit gentleman ou rien, et qui sous couvert de valeurs absconses livre les hommes à eux-mêmes et étouffe leur passions pour les voir rejaillir exacerbées et salement névrotiques en dehors des limites de la raison et de la loi. Or quand on parle du Lou, on en voit la queue...




A la fin du film on apprend que les flics savaient tout depuis le début car la fille de joie massacrée des premières scènes (Jessica Alba) n'était pas vraiment décédée, contrairement à ce qu'on a fait croire à Lou Ford Fiesta et au spectateur. Et donc, bien vivante, elle a pu l'inculper dès la fin des trois premiers quarts d'heure du film. Mais la flicaille texane s'est contentée de titiller le grand méchant Lou sans l'arrêter, lui permettant de buter trois autres personnes. Et à la fin de la fin, après l'avoir emprisonné sans lui dire pourquoi, les flics le relâchent, le ramènent dans sa maison et se barrent, l'abandonnant à son sort, seul toute une journée, lui laissant le temps d'imbiber la baraque du sol au grenier d'essence et d'alcool. Les policiers ne refont surface que quelques heures après avec la pute défigurée pour coincer le psychopathe et le mettre face à ses démons, incapables cependant de renifler l'odeur infecte des litrons de sans-plomb et de gazole que l'autre allumé a répandus dans toute la casbah, mélangés en sus à du bourbon. Ainsi, pour conclure le film, Lou Diarra Ford, après lui avoir fait un tacle à la ceinture régulier, va planter un coutelas dans le bide de la prostituée, voyant quoi les flics rassemblés derrière le couple à nouveau réuni par un énième coup bas du héros, littéralement un coup de canif dans l'estomac, ouvrent le feu et embrasent la baraque qui explose aussitôt dans une scène aux effets spéciaux très très spéciaux... Si je croise Michael Winterbottom, je ne lui dirai ni bonjour ni merde. Enfin si je lui dirai merde, mais pas bonjour, compte pas là-dessus Michel. Je vous dis merde à toi et à ton film, qui m'a pris le chou ! A toi qui as mis en scène ce scénario cousu de fil blanc que seul un artisan bancal a pu accoucher et qui ne résiste pas un centième de seconde au moindre spectateur curieux de la logique et des ressorts narratifs crédibles. A toi qui as filmé dix minutes durant l'anéantissement d'une femme réduite en lambeaux à coups de poings avec un intérêt mal dissimulé...




Alors à quoi bon ? Pourquoi mater ça ? Je m'énerve mais ça ne le mérite même pas... D'ailleurs ça ne m'a pas spécialement énervé, beaucoup moins peut-être que les derniers films de Fincher ou de Tarantino, puisque j'ai cité ces deux-là précédemment. On s'habituerait à voir ça ? Non je crois juste que ce film n'est pas si détestable, il est juste bidon, sans intérêt et tristement improbable. Mais pourquoi l'ai-je regardé d'un bout à l'autre ? Je sais pourquoi. Je tarde à vous le dire. Je remets à plus tard. Mais je le sais. Je sais très bien que je l'ai maté sans broncher parce que j'étais immobilisé sur mon pucier par un tord-boyaux de tous les diables. J'avais les crocs vers seize heures, en général c'est l'heure à laquelle on a les crocs. Je les avais et j'ai décidé de me faire un gueuleton sympa, à savoir des pâtes carbonara. C'est mon péché mignon, mon sésame. La carbo ça me rend dingue, ça et les pâtes c'est ce qui me rend fou. Le hic c'est que j'avais que les pâtes et qu'il me manquait justement la carbo. Je bosse pas en ce moment et j'ai pas tant d'argent que ça mais je venais de penser "Carbo" et quand j'ai pensé à la carbo, quand j'y ai pensé faut que je m'en boulotte sinon je fais un malheur et je suis capable de tout casser, de tout foutre en l'air chez moi et chez mes voisins. Donc je me suis mijoté ça rondo, pour les oignons j'ai mis du poireau, c'est idem, c'est la même en couleur. Et pour les lardons, comme j'aime pas ça (je trouve que ça a un goût de semelle), j'ai découpé en copeaux une vieille semelle de pompes qui m'allaient plus puisqu'elles taillent du 39 alors que moi je taille du 43, des Gallapagos, une horreur de godasse. J'ai vu Charlot bouffer ses grolles, donc normalement c'est ok de faire ça. Au goût effectivement j'avais des pâtes carbo, pas de doute là-dessus, je me suis régalé, le poireau a fait l'effet de l'oignon puisque j'ai chialé ma race d'un bout à l'autre du repas, et la semelle m'a rappelé la saveur si désagréable des lardons. J'étais dans mes petits souliers.




C'est après coup que mon estomac s'est rebiffé. Après une heure et demi de souffrances devant ce film, j'ai mis une goutte d'huile essentielle de camomille sous ma langue et c'est enfin passé, même si je l'ai mise sur ma langue plutôt qu'en-dessous parce que j'arrivais plus à la relever, ma langue, vu qu'à ce moment-là elle avait pris exactement la forme d'une main. J'avais une main dans la gueule, imaginez ! Mais même posée sur la langue, la goutte d'HE camomilius a fait son effet. Les huiles essentielles ça fait des miracles. On m'a offert ça pour Noël et depuis j'en bouffe dès que j'ai un creux. Il paraît que ça assainit, purifie, désinfecte tout ce que ça touche : l'air, les poignées de porte si on est méticuleux chez soi, et j'ose avouer que j'espère en secret que ces gouttes puantes feront disparaître ce mini-moi qui vit dans mes entrailles et que j'entends susurrer à mon oreille toute la journée... J'ai aussi regardé ce film en espérant qu'il allait me rencarder sur ce double en moi, ce killer inside me, cet alger-ego intestinal qui me fait du mal, qui me bute à petit feu et qui pourrait bien être un genre de ténia, un ver solitaire capable de m'entretenir la conversation ça reste peu probable mais quoi d'autre ? Ma douleur stomacale était passée pour de bon grâce à la camomille mais je me suis quand même fait un lavement dans l'évier de ma salle à manger parce que de toute façon j'adore ça. L'idée d'être clean comme un sou neuf de l'intérieur, ça me fait délirer. Tu manges comme un cochon et pourtant c'est comme si t'avais pissé dans un violon, c'est le top du top de la propreté même si ça a comme inconvénient de devoir se mettre une pomme dans le cul. Mon père dit de moi que j'ai "un grain". Ma copine, qui est restée bloquée, dit que je "crains". En tout cas manger de la chaussure c'est just, faîtes-le pas.


The Killer inside me de Michael Winterbottom avec Casey Affleck, Jessica Alba, Kate Hudson, Bill Pullman, Elias Koteas et Ned Beatty (2010)

16 commentaires:

  1. Toi t'as encore choisi tes screencaps avec un soin de malade.

    RépondreSupprimer
  2. Le film a l'air uuuuuuuuuuuuuuuuuultra naze.

    Et ton dernier paragraphe me rappelle d'une certaine façon mon séjour dans la salle de bain. Tous les deux, on a des copines, on a le net, mais on se demande comment, car on se fout quand même dans la merde au quotidien.

    RépondreSupprimer
  3. Grandiose ! J'ai à peu près le même avis que toi. Chapeau d'être resté jusqu'à la fin. Moi j'étais obligé, comme un con j'étais allé le voir au ciné. Pauvre de moi...

    RépondreSupprimer
  4. c'est bien le cul d'Hudson?

    RépondreSupprimer
  5. Merci Olivier :)

    Félix : Le film est effectivement bien nul. Mais pas autant que bien des films actuels ceci dit, du type justement Tarantino ou Fincher. Et pourtant il est complètement à chier.

    Anonyme : Non. Ce que tu vois là c'est le cul de la belle-mère de Lou Ford, une femme fort laide qui lui demande de lui foutre une branlée alors qu'il n'est qu'un enfant. Mais on voit aussi le cul de Kate Hudson dans le film, dans le même genre de plan (à moins qu'il ne s'agisse d'une doublure), tandis qu'Affleck lui fout à elle aussi une rouste. Je peux te faire une screencaps sur demande :D

    RépondreSupprimer
  6. J'allais le mater... Bon. Je vais ptet faire avance rapide sur les moments où on voit des culs et me passer du reste. Ca a l'air pourri.

    C'est tiré d'un bouquin, d'ailleurs non ? Winterbottom (en espagnol : culo de metal) n'a rien inventé je suis sûr.

    RépondreSupprimer
  7. Désolé de t'avoir stoppé net dans ton enthousiasme pour ce film. Si tu veux le voir quand même, trace direct sur le meurtre de Jessica Alba, et sur la toute fin, quand la maison explose, t'auras vu l'essentiel de ce film, les passages les plus pourris quoi...

    Oui c'est tiré d'un livre de Jim Thompson apparemment. "Whatever" comme tu dirais si bien.

    RépondreSupprimer
  8. Ta critique a l'air d'être plus drôle que le film !

    RépondreSupprimer
  9. N'importe quoi !!!!!

    RépondreSupprimer
  10. J'ai vu ce film. Et Casey Afflex a bien chuté dans mon estime.
    Et Winterbottom, ça veut dire enculé.

    RépondreSupprimer
  11. Comme le dit si bien Béyoncé : "Ow ow OW ow OW OW-OW-OW-Ow ow ow"

    The Killer Inside Me, mon cul ! Je préfèrerais regarder Max Payne.

    RépondreSupprimer
  12. bon faut que j'arretye de vous lire sur jessica alba meme si j'aime bien vos images!!

    RépondreSupprimer
  13. LA grande réplique du film c'est : "gardez vos salades, pour les limaces...". Il en passe sur canal+ là et c'est une belle merde.

    RépondreSupprimer
  14. Personnellement, j'ai décroché après le premier paragraphe. Le film m'aurait donc fait le même effet. Merci pour cet article d'utilité publique car The Killer Inside Me est adapté d'un bouquin sympa de Jim Thompson que j'aime bien (l'auteur). J'aurais pu donc être tenté mais ... je ne tiens pas à perdre mon temps en regardant une mauvaise adaptation. Merci donc. Grand merci. Et un mojito (ou la boisson de ton choix) pour toi, Rémi, qui t'es sacrifié pour nous tous.

    RépondreSupprimer
  15. Oui merci vraiment, j'avais aimé l'interprétation de M. Affleck dans Jesse James, avec un bémol sur sa voix de fumeuse de gitanes enrouée. Mais là 2h de violence bien gratos, merci bien. Merci Rémi, et pour ton prochain péché mignon, remplace les lardons par du jambon, ou du blanc de dinde bien industriel. (Conseil Astrapi)

    RépondreSupprimer