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23 janvier 2011

Buried

Ce film ne m'a pas fait beaucoup d'effet. Je précise que je ne suis pas claustro du tout. Je suis même plutôt claustrophile, nuance. J'adore être comprimé dans des espaces confinés. J'aime que l'on me presse, que l'on me serre. J'éprouve le besoin irrépressible de m’isoler, par périodes plus ou moins longues, dans un lieu confiné. Si on peut en profiter pour me rouer de coups, j'aime tout autant. Pendant ces phases d'autoclaustration, je fais le vide, et je ne pense à rien, j'encaisse seulement. Rien à voir avec Diogène, qui adorait se foutre en boule dans un tonneau fraîchement vidé de son vin, pour en lécher les rebords tout en philosophant sur la vie. Je suis pas un abruti pareil. Non, moi j'aime seulement avoir la sensation d'être coincé, bloqué et, si possible, bastonné à mort. Je dois tenir ça d'un traumatisme de mon enfance. Ça doit même être quelque chose liée à ma vie intra-utérine. Je dois secrètement nourrir l'espoir de retourner un jour dans le ventre de maman, ou regretter de l'avoir quitté, allez savoir. Peut-être est-ce une envie de revivre l'accouchement qui me fait adorer recevoir des gros marrons dans les coins, que sais-je... Revenons à ce film de l'espagnol Rodrigo Cortés. Que dire ? Je ne sais pas quoi en penser. Je suis resté de marbre face à ce qui nous est vendu comme un roller coaster de sensations !




Il n'y a pas si longtemps, dans notre critique de Black Dynamite, nous vous avions parlé de ces films "à voir avec" ou "à voir dans telles conditions". Pour le spectateur lambda, Buried doit très certainement appartenir à cette catégorie de films. A mater coincé dans un cercueil, enterré vivant, Buried doit faire son petit effet. Mais je ne sais pas si, dans une telle situation, on se mate un film... J'en doute, même. Le malin Rodrigo Cortés veut donc nous démontrer très lourdement qu'il est bien capable de tenir un film d'1h30 sans sortir un seul instant d'une sorte de cercueil de planches. Notre jeune cinéaste espingouin devait avoir l'intention de rentrer dans le livre des records, en faisant le huis le plus clos du monde. Mais même sur ce tableau-là, le film n'est pas entièrement réussi. Je l'ai vu en salle, dans un quartier pas spécialement bien famé, mais où y'a toujours une sacrée ambiance pendant les séances de cinoche. Et pendant le film, j'ai entendu plusieurs personnes se révolter à voix haute, et se mettre soudainement à hurler "Mais y'a plein de place, sinon la caméra ne pourrait pas se reculer à ce point !", tandis que d'autres, plus pragmatiques, préféraient simplement beugler à tue-tête "On est pas dans un cercueil, on est juste devant un film de merde !". J'avoue avoir participé à tout ça, en choisissant plutôt de m'en prendre à l'acteur, Ryan Reynolds, et en pointant du doigt le fait qu'il devait de toute façon avoir l'habitude de se sentir étouffé, qu'il devait aimer ça, lui qui a pendant longtemps était le boyfriend de Scarlett Johansson. Ça ne faisait pas sens, mais dans la folie générale, quelques-uns ont rigolé et m'ont porté en triomphe en me traitant de sale con, ce qui venant d'eux est un beau compliment. 




Buried veut aussi nous démontrer que la vie d'un seul gars, ça pèse pas lourd dans le monde actuel, et qu'on va pas remuer ciel et terre pour le sauver. Personnellement, j'avais déjà pu me rendre compte de ça par moi-même, il y a quelques semaines seulement, lors des fêtes de Noël, où je me suis retrouvé coincé par la neige sur la route me menant chez mes beaux-parents. Mon réveillon, je l'ai fêté en compagnie d'un blaireau grassouillet, d'un renard blessé, et d'un chien errant balafré. Ces trois animaux amicaux avaient décidé d'un commun accord de me rejoindre dans ma Xsara pour me tenir chaud en se mettant en boule contre moi et en s'enculant tour à tour sous mes yeux. Oh c'était un beau Noël entre Xsaristes, je ne regrette rien, et je crois préférer la compagnie de bêtes finalement peu sauvages à celle de mon beau-père, qui lui ne sera jamais apprivoisé. Et je ne me plains pas, j'ai été gâté : au petit matin le blaireau, qui était en fait une blairelle, venait d'accoucher, et une tripotée de blaireautins avaient élu refuge dans ma valise, sur la banquette arrière, préalablement vidée par le renard, qui m'avait tout chipé sans dire "au revoir". Quant au chien, il ne me quitte plus. Je l'ai appelé Seal.


Buried de Rodrigo Cortés avec Ryan Reynolds (2010)

13 commentaires:

  1. "le huis le plus clos du monde" : BRAVO !

    Et la fin m'a davantage touché (j'imagine fort bien ton Noel) que tous les poèmes de Percy Shelley réunis.

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  2. Quel réveillon à tomber, tu t'appelles Sylvain et ta meuf Sylvette ?

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  3. Et tu n'as pas eu la visite du sanglier Trafalgar pendant ton réveillon zoologique ? Il habite pourtant pas très loin de chez tes beaux-parents. On dit même qu'il a été apprivoisé par un de leur voisin grâce à des croutons de pain et beaucoup d'amour. Ce voisin l'aurait appelé Chonchon, ce qui ne lui plaît guère car il s'appelle Trafalgar, ce nom lui fut donné par son père Tourak, sur sa bauge de mort.

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  4. Un très bon thriller claustrophobique comme les espagnols savent en faire (même si le film n'a d'espagnol que son réalisateur)

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  5. Un thriller surtout hitchcockien grâce à ses affiches!
    http://www.filmofilia.com/wp-content/uploads/2010/06/buried_poster-535x792.jpg

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  6. @Cine-emotions -> As-tu regardé El Habitante Incierto ? Dans le genre thriller espagnol, il se défend plutôt bien. Je le recommande.

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  7. Yog > Uniquement grâce à cette affiche alors, qui n'a rien à voir avec le film, lequel n'a rien mais alors rien à voir avec Hitchcock.

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  8. Moi un jour j'ai volé sur le dos d'un condor.

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  9. Voilà un film concept qui a les défauts de ses qualités. Tenir en haleine en huis-clos dans un cercueil pendant 1h20 est le pitch. Il faut en attendre pas mieux. Pas pire. Il y a 10 mn de trop avec l'épisode du serpent qui est trop forcé. Pour le reste, c'est réussi et on passe son temps à se demander ce qui va pouvoir se passer. La fin fait basculer le film dans le bon grâce à un joli twist.

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