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12 novembre 2010

Synecdoche New-York

C'est le dernier film en date de Charlie Kaufman, qui a pour meilleur ami Spike Jonze (Kaufman a écrit pour lui les scénarios d'Adaptation et Dans la peau de John Malkovitch), et pour concubin Michel Gondry (il a aussi écrit Human nature et Eternal Shoeshine). Or s'il est vrai que vos amitiés en disent long sur vous, ce que vous accouchez quand on vous calfeutre devant une feuille blanche finit de dresser votre portrait. Et que dire de l'autoportrait ultra vitriolé que nous adresse ainsi régulièrement Karlie Chaufman... Une pluie de "mind fuck" et d'histoires à pioncer debout, un imaginaire souffreteux de geek attardé, une suite de mises en abîmes oniriques et de personnages moribonds. Sauf que là il parachève son œuvre : Synecdoche New-York, c'est son bébé à lui, tout entier à lui, écrit ET réalisé par lui. Donc j'avais les foies en m'apprêtant à le mater. Kaufman a certes peut-être parfois de bonnes idées de départ mais il écrit toujours des scripts qui s'avèrent foireux "au finish", et qui donnent systématiquement lieu à de grosses enculades cinématographiques. Néanmoins j'étais curieux à l'approche de ce film-là, principalement à cause du pitch, que je vous copie-colle ci-dessous en direct de Wikipédia.




Caden Connard, metteur en scène de théâtre, est en train de monter une nouvelle pièce. Mais travailler pour un public de petits vieux aux portes de la mort dans l'obscur théâtre attaqué par les mites d'une banlieue de New York assez malfamée lui paraît bien terne. Tu m'étonnes. Sa femme, Adele, l'a quitté pour poursuivre sa carrière de peintre en bâtiment à Berlin, emmenant avec elle leur petite fille, Toundra. Madeleine, sa psy, est plus occupée à faire la promo de son nouveau livre "essentiel" (dit-elle) sur les huiles essentielles qu'à soulager ses angoisses. Suite à toutes ces déconvenues, Caden a quand même eu une aventure, mais sa liaison avec une belle et naïve jeune femme, nommée Eden Hazard, a tourné court. Et il est rongé par une mystérieuse maladie douloureuse et incurable qui s'attaque directement à son système nerveux.

Pressé par la peur de mourir prématurément, peur légitime car il va bel et bien mourir prématurément, Caden décide alors de tout quitter. Aspirant à créer une œuvre d'une intégrité absolue, il rassemble quelques comédiens dans un entrepôt de New York. Il les met en scène dans une célébration de l'ordinaire, demandant à chacun de vivre une vie artificielle dans une maquette de la ville.



Il faut être un beau con pour se laisser attirer par un script pareil. J'ai maté vingt minutes du film au bas mot. J'ai donc seulement vu la partie en gras du résumé, la partie émergée de l'iceberg, suffisamment terrifiante et déprimante pour me faire virer de bord de peur de m'empaler sur la partie immergée du merdier avant de couler à pic comme un vieux paquebot. La seconde partie est pourtant censée être un peu plus lumineuse, d'après le résumé, d'après l'affiche (j'ai rien vu de tout ça, et franchement je doute que ce soit dans le film), mais pour y avoir droit il faut passer outre la première demi heure qui s'acharne à pousser le spectateur à la dépression la plus carabinée qui soit. C'est in-sou-te-nable.



On passe trente interminables minutes à fixer du regard le gros Philip Seymour Hoffman, doté d'une voix venue des tréfonds de son propre slip sale, qui baragouine lentement des mots incomplets, lesquels ont bien du mal à trouver un chemin non-obstrué hors de son corps, et on écoute ses inepties la mort dans l'âme, confondu par le spectacle dévoyant de cet acteur qui incarne sans forcer un personnage à qui il n'arrive que merdes sur merdes dans son pavillon triste, hanté par sa femme et sa fille qui le font sans cesse chier à force d'être ultra connes et lourdes à mourir, mais qui ont le mérite d'être près de lui quelques heures encore, avant de foutre le camp pour le laisser seul avec son cancer. Et Seymort Offman va d'hôpital en hôpital pour apprendre qu'il est malade et qu'il va crever sous peu, pense donc à la mort, et explique à sa fille endormie les veines et le sang, et les maladies, et la mort qui frappe ensuite... C'est un Woody Allen plus que sombre que la moyenne et sans la moindre vanne à l'horizon, si vous préférez, ou un Bergman sans personne derrière la caméra, sans idées et sans talent. Y'a de quoi crever en matant ce truc. J'ai senti naître deux ou trois ulcères au fond de mon estomac en une trentaine de minutes, et j'ai plein de grains de beauté sous les aisselles depuis que j'ai éteint ma télé. Je pisse aussi cramoisi. J'en ai parlé à mon médecin, je lui ai dit que mes selles étaient bleu blanc rouge, il m'a dit que j'allais voter Le Pen alors que pas du tout, je dois juste être très malade. En tout cas je vais pas au top.

Je défie quiconque de lancer ce film sans être pris d'un cafard de tous les diables, d'un bourdon à crever la gueule ouverte. Je tends mon doigt à Charlie Kaufman et à son Sinecdochié New-York. C'était mon troisième film estampillé Kaufman et comme par hasard c'est la troisième fois que je bats le record d'apnée dans ma baignoire, sans que personne ne le sache. Je file un mauvais coton.


Synecdoche New-York de Charlie Kaufman avec Philip Seymour Hoffman (2009)

2 commentaires:

  1. Tu cherches l'embrouille aussi à t'envoyer toute la filmo de ce tocard.

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  2. Moi j'avais chougné devant Soleil Qui Brille Éternel, comme tout pédé qui se respecte !

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