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24 août 2009

James Bond, une titrologie d'outre-tombe



James Bond, avant d'être une série de films tous plus cons les uns que les autres, c'est une titrologie foisonnante et fascinante. On passera sur les titres volontairement laids, comme Goldfinger, Octopussy, Moonraker ou Goldeneye. Ces titres-là sont nuls mais on sent bien que Ian Fleming s'en acquitte, qu'il assume leur manque sidérant d'inspiration, pas très concerné qu'il était par leur affreuse participation à l'élaboration d'un mythe mort avant que d'être. Ne sachant pas trop comment nommer les énièmes aventures d'un personnage de merde, il a trouvé des mots un peu au hasard qui puissent servir de titres sans éveiller les soupçons quant à leur manque absolu de sens. On voit bien que par deux fois l'idée tourne autour d'un membre que notre héros a d'or, tantôt un doigt, tantôt un œil. Mais James Bond n'a semble-t-il rien d'autre de valeur, alors il s'agit de dénicher d'autre titres à placarder sur autant de suites et de remakes tous plus indigents que les précédents. Je crois que Moonraker est une allusion peu finaude au sexe de Bond, qui ne voit le jour que la nuit, et qu'Octopussy fait référence à une de ses ennemies qui possède pas moins de huit vagins.


Epatés ? Et encore dites-vous qu'il n'y a que quintopussies là-dessus.


Non, là où ça devient intriguant c'est en 1967, quand sort sur grand écran le 5ème film de la série, j'ai nommé On ne vit que deux fois. Hein ? Ça veut dire quoi ? On ne vit que deux fois... Perso j'ai prévu de vivre qu'une fois et si Ian Flemming était au jus d'une combine je l'aurais su gré de nous informer qu'on a deux vies, autrement qu'en l'écrivant à la fin d'un livre d'espions chiant comme la mort. Franco si on vit deux fois j'aimerais bien le savoir, croyez-moi j'éviterais d'aller à la fac ou de manger bio, je saloperais mon corps sans attendre avec une carrière dans le porno à la clé pour tout remettre sur le tapis dans ma seconde chienne de vie. J'ai justement un rendez-vous à la CAF dans dix minutes, si on vit vraiment deux fois je veux bien ne pas y aller, ou alors y aller sans chier avant histoire de le faire là-bas. Putain qu'on me tienne au courant... Si on vit vraiment deux fois ça me fout drôlement dans la merde. Si c'est ça j'arrête tout de suite de me bourrer de vitamine C et de bouffer des sacs de graines de café Jacques Vabre matin midi et soir. Ça fait bientôt cinq ans que je ne ferme pas l'œil pour profiter du peu de temps qu'il me reste avant de passer l'arme à gauche. Je manque salement de sommeil, je suis probablement très malade, mais je profite de chaque jour comme un con qui tangue entre la vie et la mort. Si on vit deux fois j'arrête ça et je pionce d'une traite les cinq prochaines années, comme un cadavre de loir. Et puis si on vit deux fois, pourquoi pas sept, comme les chats. Ils foutent quoi les chats à part se lécher les couilles quand on les leur laisse accrochées et s'enculer de père en fils ? Moi aussi je peux essayer de me lécher le trou de balle et de fricoter avec mon frère si on me refile sept vies, à la dernière je songerai à me lâcher un peu les couilles et à laisser mes gosses gambader histoire de penser à... je sais pas moi, payer un loyer, acheter un froc... des trucs utiles et normaux. C'est peut-être ça le véritable sens de ce titre, c'est un doigt d'honneur contre les chats. On vit moins que les chats, d'accord... C'est la seule façon possible d'expliquer ce "que deux fois". Parce que putain si on vivait vraiment deux fois y'aurait pas de quoi se plaindre, et le titre devrait être : "On vit deux putains de fois ma parole ! Profiiiiiiite, putain...". J'imagine que Ian Flemming n'aimait pas les chats et autres "canidés" comme on les appelle de leur nom scientifique.


James Bande, grosse vanne ! que Ian Flemming n'a pas casée une seule fois dans ses 40 000 bouquins !


En 1973, trois (oct)opus plus tard, on a droit à Vivre et laisser mourir. Peut-être que ce titre-là est à rapprocher du précédent : j'essaie de piger. Forcément si on a deux vies il est opportun de profiter de la première et de se laisser crever sans faire la grimace histoire de foutre immédiatement les pieds dans la seconde pour la pourrir encore plus. Peut-être alors que les choses se précisent. C'est cette injonction, vivre et laisser pisser, que nous révèle James Bond dans un grand élan épicurien qui trouve son aboutissement dans le célèbre Carpe Diem. Il faut cueillir le jour sans penser au lendemain. Il faut vivre et se laisser crever sans crainte, dans l'unique but ultime des plaisirs légers de cette courte vie qu'est la nôtre. L'histoire c'est qu'on voit mal James Bond s'adonner à quelque philosophie que ce soit, ni à quelque plaisir de ce monde en dehors du fait de reluquer des connes sur la plage. Ce type n'a jamais eu la moindre idée, ça crève l'écran. C'est quand même le seul héros qui se soit fait appeler l'homme au doigt d'or (GoldFinger) après s'être gratter le derche (inutile d'expliquer le titre L'homme au pistolet d'or, une chance que Preminger avait déjà utilisé le titre L'Homme au bras d'or), avant de se frotter les mirettes (Goldeneye) pour finalement s'étonner d'avoir les yeux qui sentent le cul. Sa philosophie à lui c'est plutôt de vivre et de laisser crever les gens autour. Il est du genre à laisser brûler une ville derrière lui s'il s'en échappe avec la pire meuf du coin sous le bras. C'est TPMG James Bond, Tout Pour Ma Gueule.


En 87, sept films plus loin, on nous assène que Tuer n'est pas jouer. Ça veut dire quoi au juste ? Tuer c'est pas du jeu ? C'est pas cool ? Je pige pas. On en revient au premier titre, celui qui nous affirmait qu'on avait deux vies, la vraie, et celle d'après la mort ? En fait c'est un gros catho de mes deux Ian Flemming. Il profitait de ses romans de gare à la manque, bourrés de meurtres, de manichéisme et de putes pour nous refourguer les tables de la loi de Moses. Tu ne tueras point. Sans déconner Ian ? Dans Fifa ils nous le disent pourtant dès le départ : If it's in the game, it's in the game. Tuer, c'est jouer. Encore une belle connerie de titre donc. Deux ans plus tard sortira le 16ème épisode des aventures de merde de James Bond, qui viendra corriger cette erreur : Permis de tuer, avec pour sous-titre "Autant pour oim !".


En 1997, on en est déjà au 18ème film et plus rien ne semble pouvoir arrêter cette immonde série de s'étendre encore et toujours, comme une pandémie horrible. Celui-là s'intitule Demain ne meurt jamais. Alors là je baisse les bras. Ce titre a de quoi décourager même les plus forts. De quoi faire plier le platane et rompre le roseau. Il a de quoi foutre à sac des générations de cinéphiles. De quoi vous faire vieillir... J'ignore si demain ne meurt jamais mais moi je crèverai un jour et à la lecture de ce titre ma fin se rapproche. J'ai perdu plusieurs jours, plusieurs semaines ? J'ai perdu plusieurs semaines de vie en lisant ce titre. Y'aura sûrement toujours un lendemain mais je ne serai bientôt plus là pour en profiter. On a pas idée d'écrire ça sur une affiche... Demain ne meurt jamais. Un titre pareil c'était la porte ouverte à tout. Et les deux titres suivants s'en ressentent mochement...


Quand la star féminine de ton film c'est Teri Hatcher, normalement le film ne se fait pas.


Le titre suivant c'est le lâché de ballons : Le Monde ne suffit pas. Mais ça veut dire quoi ! Le monde ne suffit pas... Je refuse de chercher. A part si c'est un film sur la conquête de la Lune en 69, comprends pas... Ou alors c'est encore un petit billet glissé là par ce chrétien facho de Ian Flemmard, qui pioche encore une fois dans sa messe hebdomadaire de quoi titrer ses saloperies d'histoires d'espions venus du froid à la mords-moi-le-nœud. Dans tous les cas ça ne veut rien dire. Et puis ça va bien deux minutes de donner des titres bibliques aux histoires d'un débile qui ne pense qu'à s'emboîter des poupées russes. Ou plutôt françaises, aka Sophie Marceau, et ricaines, aka la poupée gonflable Denise Richards.


Quand la star féminine de ton film c'est Sophie Marceau, normalement le film ne se fait pas, y'a tellement mieux à faire...


Et enfin Meurs un autre jour. T'es bien gentil, t'es même ultra sympa, mais ça se décide pas comme ça... On meurt quand on peut. On peut bien différer la date de la pendaison de crémaillère, mais c'est plus facile en amont qu'en aval. Écourter sa conne de vie ça se fait, ou du moins ça se tente. Mais la rallonger je vois mal. On meurt un peu quand on doit clamser. Le jour où la Grande Faucheuse a décidé de s'arrêter à notre chevet c'est pas facile facile de lui demander un délai et de repousser la fin du bail, en général on fait son paquetage en route pour la castagne, sans escale. Ça ne fait bêtement pas sens. Ça ne veut dire que dalle "Meurs un autre jour". Vraiment rien. Et c'est très laid comme assemblage de mots, qui plus est.

Ian Flemming est mort après avoir écrit le 12ème volet. Et il refusait jusqu'à sa mort que quelqu'un d'autre reprenne le flambeau. Il est temps de lui foutre la paix. Voila dix films qu'il est raide et qu'on adapte encore des livres qu'il n'a pas écrits, et c'est forcément encore plus pourri que quand il écrivait ! Ces titres ont vraiment de quoi rendre taré. Ils ne veulent rien dire. Ils sont hideux. Ça n'a aucun sens, à l'image des films et de la série toute entière, qui me laisse pantois. Question titres au fond du gouffre, on a atteint un autre genre de profondeurs avec Quantum of Solace. Il semble que le prochain James Bond, qui sera le 23ème de la série, s'intitulera "James Bond N°23", c'est en tout cas le working title, et s'il demeure inchangé ce sera peut-être le premier titre sensé d'une longue série d'intitulés morbide et puante.


James Bond de tout un tas de cons avec tout un tas d'autres cons (de 1962 à 2008)

25 commentaires:

  1. Alors que tu pionces comme un gros rat mort malgré les croissants que j'ai déposés sous ton nez, je lis ta prose et je me pose la question suivante : "Jamais plus jamais" est-il un hommage à Fievel et le nouveau monde ?

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  2. J'aurais aimé participer à cet article et surtout pour parler des titres "Meurs un autre jours" et "Demain ne meurt jamais", qui m'ont pourri des jours & des nuits. :D

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  3. Je trouve qu'à la limite Quantum of Solace a au moins le mérite d'être marrant à dire. Tu l'as déjà dit à voix haute "Quantoume ov Zoliz" ? Moi j'adore ! Je passe plusieurs minutes chaque soir à me le répéter dans ma barbe pendant que ma copine fait à manger. Elle croit que je lui demande "Quand est-ce qu'on mange ?" mais c'est pas ça que je dis. Et puis au moins ils l'ont pas appelé "Quantum of Solace de mourir le jour d'après", ils ont fait un effort, quoi !

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  4. Pas faux du tout Josh. Pas faux du tout ce que tu notes là. Un peu flippant mais très juste, en tout cas pas faux !

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  5. "On voit bien que par deux fois l'idée tourne autour d'un membre que notre héros aurait d'or" dis-tu. mais voilà, il ne s'agit pas de ses membres à lui.

    Tomorrow Never Die = the paper named Tomorrow Nerver Die
    in français, Demain ne meurt jamais = le journal "Demain" ne meurt jamais

    sinon, ami, tes phrases claquent, tes commentaires ne sont pas tous dénués de sens, mais si c'est du comique, on appréciera les fausses interprétations des titres. j'aime comme t'écris, comme tu sembles trouver dans les choses des trucs à dire. cependant, as-tu vu les films? on dirait pas.
    non, ce que je veux dire, c'est que je suis fan. bon, il y a les Bond excellent et il y a ceux qui, ma foi, sont à chier. mais moi, je leur trouve toujours une excuse. faut être con des fois. enfin, peut-être que cela me passera, la bondmania, mais merde, j'l'ai payé cher mon coffret

    salut, ami non Bondeur
    filnic@gmx.ch

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  6. Merci pour la trivia sur le titre !

    J'ai pas vu les films non. Si un ou deux. Goldeneye je crois, et un ou deux autres, mais j'ai jamais supporté ces films. C'était juste pour écrire de la merde.

    Mais si t'es fan et si en plus t'as le méga coffret, bonne biasse ! Tant mieux pour toi :)

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  7. Je viens de relire avec plaisir ce bel article foisonnant.

    Et je ne comprends pas le commentaire de l'anonyme à propos du titre Demain meurt jamais.

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  8. Dans le film, "Demain" c'est un journal, genre "Le Monde". Tocard.

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  9. Merci pour cet éclaircissement édifiant.

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  10. Pour les chats, on préférera quand même félidés à canidés ! Sinon l'article est poilant. A+

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  11. Pour les chats, on préférera félidés à canidés ;) Sinon l'article est poilant. A+

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  12. Le pire c'est quand même Casino "Segolène" Royal, Ils auraient pu filer une scène de nu à Eva Green. Genre juste après qu'elle ait buté Daniel Craig. Ou encore Eva Green nue qui bute Daniel Craig, ce qui serait jouisorgasmique !

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    1. Ça aurait été bien qu'elle apparaisse nue, oui. Toutes les James Bond girls devraient avoir une scène à poil, minimum.

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  13. Tu devais arrêter la critique cinématographique, t'es vraiment bidon

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  14. Voici un titre dans le sens de ta "critique":"à n'y rien comprendre"
    Je ne sais pas si tu te prends pour un cinéphile averti mais je te donnerais l'adresse d'un ou deux bon psy .

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    1. Professeur Jack Acran26 juillet, 2012 13:28

      Cher parcequillefautbien,

      Je suis vraiment mortifié de ne pas avoir assez de temps pour te répondre, et c'est avec regret que je ne peux que te proposer la citation suivante :

      "Quand l'imbécile regarde le doigt, le gros con montre sa lune".

      Cordialement

      Pr. Jack Acran

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    2. Il ne faut pas être mortifié .
      Au vu de ta réponse je vois que j'avais raison.
      Bon courage tu vas t'en sortir..
      Si tu as besoin des adresses hésites pas je t'adresserais à deux ou trois confrères .
      Bye et encore courage.

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    3. Professeur Jack Acran26 juillet, 2012 18:47

      Cher parcequillefautbien,

      Merci pour ta réponse.
      Passe nous voir sur ce blog quand tu le souhaites, le plus souvent possible.
      Cordialement

      Ton Jack

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  15. J'ai bien ri! Le titre, c'est souvent le seul truc de bien dans les James Bond. Un peu comme dans les pornos (et pas mal de westerns spaghetti aussi, d'ailleurs Vivre et laisser mourir sonne comme un titre de western spaghetti)

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  16. Juliette Boniche24 octobre, 2012 12:53

    Skyfall s'en tire pas si mal en fait... :D

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  17. " On a deux vies, et la deuxième commence quand on se rend compte qu'on n'en n'a qu'une." Confucius.

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  18. C'est vrai que c'est nul, les James Bond. Je me rappelle que j'ai mis beaucoup de temps avant d'en voir un (quand j'étais petit, ça ne passait pas à la télé), et quand j'y suis enfin arrivé je n'en croyais pas mes mirettes : c'est ça, James Bond ?! Ce qui me frappait le plus, c'est que ces films censément trépidants étaient absolument dénués de rythme. Comme beaucoup, je trouvais la scène de bagarre dans le train de 'Bons baisers de Russie' assez impressionnante par son âpreté, et 'Rien que pour vos yeux' plutôt mieux que la moyenne (deux titres ne sont pas trop mauvais, soit dit en passant), mais sorti de ça...
    Encore du cinéma d'Angliches, quoi !

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