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3 mai 2008

La Légende de Beowulf

Au départ j'avais prévu de mater La Légende de Bagger Vance, mais ce quiproquo n'a pas que des torts. Il m'a permis de me poser une question importante : Que deviens-tu Bob Zemeckis ? J'ai commis l'erreur de poser cette question. Jusqu'à hier, Bob Zemeckis, c'était encore le réalisateur glorieux et prestigieux de Qui veut la peau de Roger Rabbit, Back to the Future 1,2,3, Forrest Gump et compagnie. Bob Zemeckis c'était aussi et surtout mon mot de passe Hotmail. Désormais, c'est un nom couvert de boue et de crachats. J'ai littéralement frappé sur google : "Que deviens-tu Bob Zemeckis" et ça m'a tout droit conduit à télécharger son dernier bébé, j'ai nommé La légende de Beowulf. Beowulf, vous le savez peut-être, c'est historiquement et officiellement la première fiction anglo-saxonne couchée sur le papier. Au cinéma, ça a déjà donné de fameux traquenards tels que celui, bien connu, de Christophe Lambert, à une époque où il était encore loin de croiser l'ombre de Sophie Marceau. Si à cette époque-là on lui avait dit "Hé Christobal tu finiras dans le plummard de Sophie Marceau", le bon Christopher Lambert se serait contenté de nous cracher entre les deux pieds. Toujours est-il que Bob Zemeckis a décidé d'à nouveau porter cette fiction sur les grands écrans et pour ce faire de tirer du chômage quelques milliers d'informaticiens hagards, éradiquant aussitôt les agences Pôle Emploi de toute la Sillicon Valley. En effet tout le film est numérisé, fait de pixels, retraité informatiquement, comme un bon dessin animé pixar en 3D.




Alors peut-être que Bob Zemeckis et son équipe de bras cassés branchés en réseau fermé à Windows Vista trouvent ça brillant et incroyable d'arriver à faire tout un film avec les effets spéciaux des plus belles scènes cinématiques de Warcraft 33, peut-être qu'ils sont ébahis par le travail qu'ils ont fourni, penchés sur leurs ordis pendant des mois pour tâcher de reconstituer un bout d'ongle d'un personnage secondaire, mais quand on regarde l'écran, au finish, devant le film, c'est vraiment de la merde, c'est hideux Bob, il faut te rendre à l'évidence, c'est proprement et singulièrement laid ton film, c'est pas regardable, c'est une grosse enculade cinématographique.



L'avantage pour Bob c'est que son film sera le premier à avoir sa critique dans la revue Joypad. En plus ce con-là ne s'est pas rendu compte que son projet ne tenait pas debout une seconde. Son truc c'est faire un film en toc, d'animation, où tout est faux. Alors ça pourrait peut-être évoquer quelque chose si notre Bob n'avait pas besoin de faire appel aux acteurs, ça serait la fin de l'acteur, ça serait quelque chose de nouveau, de terrifiant mais de nouveau. Sauf que Bob a fait appel à un milliard d'acteurs à qui il a demandé de jouer les scènes, en les filmant, pour ensuite enregistrer leurs mouvements le plus précisément du monde, reproduire chaque soubresaut de leurs traits, coller parfaitement à leur diction et j'en passe. Alors j'ai envie de demander à Bob pourquoi il s'est autant fait chier à reproduire à l'identique des acteurs en numérique, le plus fidèlement possible, si finalement il voulait la plus stricte véracité à l'écran. Si ce que tu veux c'est les moindres détails de la vraie vie Bob, il suffit de filmer tes acteurs et d'envoyer ça au montage comme on fait d'habitude, rien de plus vrai que de la pelloche Bobby ! Cependant quelle joie de retrouver Anthony Hopkins et Angelina Jolie sous forme digitale. Je soupçonne le vieux Bob d'avoir dans son disque dur tout un tas de vidéos pornos dégueulasses mettant en scène ce vieillard d'Anthony Hopkins sur le dos rugueux d'Angelina Jolie. Ce ne sont que les visages des acteurs accolés à des corps en 3D mais ça lui ferait ses soirées au vieux Bob. Il paraît que ces cassettes-là circulent sous les manteaux dans les studios de la Warner Picture Association, des cassettes vidéo très prisées par les fans de gérontophilie et de plastoque en général.



Bref ce film c'est ce que le cinéma d'effets spéciaux peut offrir de plus con, c'est des petites expériences de petits chimistes fiers d'eux qui valent des milliards et qui pourrissent les écrans du monde entier. Cet après-midi j'étais seul au monde je me suis maté Cast Away deux fois d'affilé, ça fait 6 heures de Tom Hawk et de volley ball, putain j'ai retrouvé le Robert Zemeckis que j'aimais et j'ai renoncé à changer de mot de passe hotmail.


La Légende de Beowulf de Robert Zemeckis avec des animatronics (2007)

2 commentaires:

  1. Ah merde je pensais qu'il y aurait quand même des vrais acteurs, sacré Bob !

    Sinon, fameuse review, c'est de plus en plus proche des standards des Cahiers, ici.
    Avec la pointe d'humour dégueulasse en plus, qui fait tout le charme.

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  2. Fameuse review, c'est de plus en plus proche des standards téléphoniques, la pointe internet en plus qui fait tout son charme.

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