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18 avril 2008

Un Secret

Le secret de ce film, c'est la véritable identité de son réalisateur. Un jeune inconnu tout droit sorti de l'HIDEC s'est vu proposer de mettre en scène ce script adapté d'un roman à succès. Craignant de flinguer sa carrière avant de l'avoir lancée avec ce projet particulièrement glissant, notre quidam a pensé prendre un nom d'artiste pour couvrir ses arrières. Il a choisi pour sobriquet un nom français banal et sans prétention. Notre novice toujours anonyme a donc choisi le prénom Claude en référence à son film de chevet Madame Claude, et le patronyme Miller en guise de clin d'œil à Miller's Crossing des frères Coen, palmé d'or à Saint-Tropez. Et voilà que l'illustre réalisateur français Claude Miller, le vrai, celui de L'Effrontée et de La Petite Lili, a vu en traînant un soir sur IMDb s'ajouter à sa filmographie cette nouvelle œuvre obscure.



Les procès étaient déjà en cours quand Claude Miller, le vrai, est allé louer le film dans son vidéo-club fétiche et il s'est avéré que ce long métrage lui convenait plutôt pas mal, lui qui n'avait encore jamais traité la France de Vichy, lui qui n'avait encore jamais serré la main de Patrick Bruel et qui n'avait encore jamais eu recours à des effets minables très spéciaux pour raconter une histoire sans queue ni tête. Certaines mauvaises langues ajoutent que Claude Milos Forman aurait renvoyé son avocat en apprenant devant le journal de 13h que ce film était nominé aux Césars pour la récompense ultime du meilleur maquillage, bien décidé à enfin poser son cul au beau milieu de la grande famille du cinéma français.



Le film se déroulant sur plusieurs décennies, le vieillissement des personnages est une des clés de voûte scénaristiques de l'intrigue. Pour ce faire, le réalisateur a par exemple filmé Patrick Brucknel dans les coulisses de l'Olympia avant son set, pour incarner son personnage en 1955, âgé de 30 ans, puis post-gig et post groopie-gang-bang, pour interpréter ce même personnage en 1985, soit près de 30 ans plus tard. On n'y voit que du feu. Autre personnage, autre technique, c'est là qu'entre en scène la dynastie Depardieu. 1955, Julie Depardieu incarne la bonne amie de Pathos Bruel ; 1962, Guillaume Depardeüs prête son corps unijambiste affublé d'un tablier de bonne ainsi que son visage marqué par la vie recouvert d'un couvre-chef plus que féminin au même personnage un peu plus âgé(e) ; 1985, Gérard Depardieu et ses 200 kilos de viande interprètent sans faillir et grimés d'une queue de cheval directement chipée à un canasson (ce même cheval à qui il manque une crinière à l'affiche de Danse avec lui, aux côtés de Mathilde Seigner, l'unique cheval chauve de l'histoire du 7ème art), Depardieu Gérard donc, joue la même amie de Platoche Brunel avec l'aisance d'un Robin Williams dans Madame Doubtfire. Une fois de plus, l'effet nous prend à la gorge, et l'on se surprend à y croire à mort, en tout cas jusqu'au générique de fin où apparaît en face du nom du personnage de la bonne : Depardieu/Depardieu/Depardieu.


Un Secret de Claude Miller avec Patrick Bruel et Cécile de France (2007)

2 commentaires:

  1. Du coup, Miller assume ? C'est fou, moi la première fois que j'ai vu l'affiche ("avec Patty Brumelle" ça disait), j'ai tourné les talons.

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  2. Bon, il y a des choses irritantes dans un secret: la narration éclatée et dans le désordre rend mal compte de l'évolution des personnages. Par exemple, le personnage principal adolescent apprend par Julie Depardieu qu'il a eu un frère, mais ensuite, on ne le voit plus dans le film, on ne sait pas ce que ça lui fait. Le scénario est donc assez mal écrit , trop tarabiscoté. Le coup du frère mort est aussi très vite deviné alors que Miller fait durer le mystère au-delà de notre découverte de la vérité. Un de ces films où le spectateur a de l'avance sur la découverte des révélations. Bon, Bruel n'est pas mauvais, mais il y a des acteurs français brillants de sa génération qui auraient fait bien mieux.

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