Voici une œuvre assez particulière, et une affiche bien grandiloquente pour un film dont l'unique décor est une cabane en bois et dont les seuls effets spéciaux sont les génériques d'ouverture et de fin tapés à l'ordinateur. En 2007 Jérôme Bixby a porté son projet aux producteurs d'Hollywood qui ont tous refusé en bloc. Et puis le film s'est quand même fait. Mais sans le moindre dollar. Oui parce que le scénario de Bigsby, c'est pas rien. Et puis Bixby avait jusqu'ici uniquement écrit des scénarios pour The Twilight Zone et Star Trek (il fait un clin d’œil à la série à la fin) alors il n'était pas question de lui filer le même budget qu'à Paul Haggis. L'histoire est simple : un professeur d'université déménage et ses amis viennent lui dire au revoir chez lui. Ils se rendent compte qu'il a un Van Gogh qui semble authentique, un burrin qui date du paléolithique assez incroyable etc. Le héros finit par demander à ses amis pontes universitaires, en biologie, histoire, psychologie et ainsi de suite, s'il serait possible qu'un homme vive 14000 ans. Là ils se marrent, puis finissent par répondre à sa question en voyant qu'il a pas l'air de blaguer. Évidemment que non c'est pas possible MAIS c'est possible. Les biologistes élaborent ça pendant 10 minutes histoire que le spectateur fasse pas trop chier. Bref vous l'aurez pigé notre héros leur explique que c'est de lui dont il cause. Il est né homme de Cromagnon, il a 14000 ans (si vous voulez piger matez le film, ils expliquent tout ça très bien). Alors gros huis-clos, engueulades, interrogatoires, revolver sur la tempe, couteaux sous la gorge, doute, colère, remontrances, menaces de mort, cours d'histoire, théories fumeuses et billevesées.
Notre héros a voyagé avec Colomb, il a connu Van Gogh, avant ça il a assisté à la séparation des terres et aux déplacements des plaques tectoniques, il a rencontré Buddah qui l'a formé jusqu'à sa mort, et enfin, last but not least, Jésus Christ, c'était lui. Tout ça, croyez-le ou non, est très crédible et quasi déroutant, en tout cas ses amis cartésiens en chient des ronds de chapeau tant c'est rondement ficelé. Faut voir la sale gueule que tirent ses potes quand notre héros leur annonce qu'il est Jésus Christ. "Montre donc voir tes cicatrices aux poignets, salop !", "Mais je vous dis que je marque pas". Puis quand on lui demande pourquoi il s'est fait appeler "Jésus", il répond : "ben moi à la base c'est John, Josh à la rigueur, mais moi c'est John, Jésus c'est une déformation, ça me gène pas mais je me reconnaitrai pas immédiatement dans la rue si tu m'appelles Jésus. Je préfère John. Ou Josh." Seulement voilà il déménage tous les 10 ans, dès que les gens commencent à lui dire "mais tu vieillis pas ?" A la fin, sous la pression, ils sont bouleversés, leur vie va partir en couille et certains le menacent de le faire interner, il leur avoue tout, c'était une farce, un canular, un piège, une embuscade, la rigolade. Tout ça c'était pour se marrer.
Tout le monde le traite en cœur de "FILS DE PUTE", surtout Tony Todd, fameux acteur noir, très accroché à l'histoire (pas seulement dans le film, ce type est souvent là pour jouer les seconds rôles de mecs crédules parce qu'il gobe tout ce qu'on lui dit et oublie même qu'il tourne des scénarios de fiction, ce type ne joue pas). Puis tous les amis se barrent, soulagés, et d'avoir le fin mot de l'histoire, un fin mot apaisant, et de ne plus jamais revoir un menteur aussi con. Mais il reste Richard Riehle, fameux acteur gros et vieux, qui était le plus dubitatif et le plus haineux à l'encontre de John (le héros) et qui l'a forcé à dire que c'était faux. Et avant qu'il ne soit parti le héros dit à une amie que c'était vrai, que tout était vrai, et ce faisant donne un des noms qu'il a porté, et qui s'avère être le nom d'un proche du vieux gros dans son enfance. Le gros en crève illico d'une crise cardiaque et le héros se taille vers la frontière du Mexique. Le scénario de taré le voilà. En rajoutant mille détails et autres démonstrations pour lier tout ça et y donner un sens plausible, ce qui est assez réussi. Vous vous demandez comment il a pu survrire aux maladies, aux épidémies, aux hommes, pendant tout ce temps, John vous répondra avec le sourire. Il a réponse à tout. Donc j'ai bien aimé, c'est très osé, c'est méga con, et c'est bien ficelé sur le papier, d'ailleurs ça aurait dû rester couché sur du papier glacé. Le même film réalisé en France, avec Vincent Lindon dans le rôle de Jean (Christ), Jean-Pierre Marielle dans le rôle du biologiste qui se marre, Pierre Arditi dans le rôle du noir qui y croit à fond et Jean-Pierre Bacri dans le rôle du psychologue que les histoires du héros font pas marrer du tout, qui a perdu sa femme la veille et qui voudrait bien lui faire ravaler son histoire en bois à coup de gifles et c'est gigantesque.
Jérôme Bulbykin est à ce point sans le sou qu'il a créé un site où on peut lui donner des dollars si on a aimé son film en bois : http://www.manfromearth.com/
Man From Earth de Richard Schenkman avec Tony Todd et Richard Riehle (2007)
Notre héros a voyagé avec Colomb, il a connu Van Gogh, avant ça il a assisté à la séparation des terres et aux déplacements des plaques tectoniques, il a rencontré Buddah qui l'a formé jusqu'à sa mort, et enfin, last but not least, Jésus Christ, c'était lui. Tout ça, croyez-le ou non, est très crédible et quasi déroutant, en tout cas ses amis cartésiens en chient des ronds de chapeau tant c'est rondement ficelé. Faut voir la sale gueule que tirent ses potes quand notre héros leur annonce qu'il est Jésus Christ. "Montre donc voir tes cicatrices aux poignets, salop !", "Mais je vous dis que je marque pas". Puis quand on lui demande pourquoi il s'est fait appeler "Jésus", il répond : "ben moi à la base c'est John, Josh à la rigueur, mais moi c'est John, Jésus c'est une déformation, ça me gène pas mais je me reconnaitrai pas immédiatement dans la rue si tu m'appelles Jésus. Je préfère John. Ou Josh." Seulement voilà il déménage tous les 10 ans, dès que les gens commencent à lui dire "mais tu vieillis pas ?" A la fin, sous la pression, ils sont bouleversés, leur vie va partir en couille et certains le menacent de le faire interner, il leur avoue tout, c'était une farce, un canular, un piège, une embuscade, la rigolade. Tout ça c'était pour se marrer.
Tout le monde le traite en cœur de "FILS DE PUTE", surtout Tony Todd, fameux acteur noir, très accroché à l'histoire (pas seulement dans le film, ce type est souvent là pour jouer les seconds rôles de mecs crédules parce qu'il gobe tout ce qu'on lui dit et oublie même qu'il tourne des scénarios de fiction, ce type ne joue pas). Puis tous les amis se barrent, soulagés, et d'avoir le fin mot de l'histoire, un fin mot apaisant, et de ne plus jamais revoir un menteur aussi con. Mais il reste Richard Riehle, fameux acteur gros et vieux, qui était le plus dubitatif et le plus haineux à l'encontre de John (le héros) et qui l'a forcé à dire que c'était faux. Et avant qu'il ne soit parti le héros dit à une amie que c'était vrai, que tout était vrai, et ce faisant donne un des noms qu'il a porté, et qui s'avère être le nom d'un proche du vieux gros dans son enfance. Le gros en crève illico d'une crise cardiaque et le héros se taille vers la frontière du Mexique. Le scénario de taré le voilà. En rajoutant mille détails et autres démonstrations pour lier tout ça et y donner un sens plausible, ce qui est assez réussi. Vous vous demandez comment il a pu survrire aux maladies, aux épidémies, aux hommes, pendant tout ce temps, John vous répondra avec le sourire. Il a réponse à tout. Donc j'ai bien aimé, c'est très osé, c'est méga con, et c'est bien ficelé sur le papier, d'ailleurs ça aurait dû rester couché sur du papier glacé. Le même film réalisé en France, avec Vincent Lindon dans le rôle de Jean (Christ), Jean-Pierre Marielle dans le rôle du biologiste qui se marre, Pierre Arditi dans le rôle du noir qui y croit à fond et Jean-Pierre Bacri dans le rôle du psychologue que les histoires du héros font pas marrer du tout, qui a perdu sa femme la veille et qui voudrait bien lui faire ravaler son histoire en bois à coup de gifles et c'est gigantesque.
Jérôme Bulbykin est à ce point sans le sou qu'il a créé un site où on peut lui donner des dollars si on a aimé son film en bois : http://www.manfromearth.com/
Man From Earth de Richard Schenkman avec Tony Todd et Richard Riehle (2007)
Tu as bien aimé mais tu aurais préféré que ce film ne voit jamais le jour? Spécial.
RépondreSupprimerMoi j'ai été surpris à la fin du film quand je me suis rendu compte que l'on ne bouge pas de cette cabane en bois, et pourtant j'ai voyagé.
Après je comprend que sur papier ce soit plus attirant, mais vraiment à voir.
J'ai bien aimé mais c'est jamais qu'un téléfilm très bien écrit, d'où l'idée que ça pouvait rester couché sur papier, mais le script filmé vaut le coup d’œil quand même !
SupprimerHé mais c'est pas con cette idée de refaire. (Vous aviez remarqué que "remake américain" c'est un pléonasme en fait non?). Et ce casting c'est top. Bon, sans Arditi ok.
RépondreSupprimerHé hé, très bonne critique à laquelle je souscrit totalement : le film a les allures d'un téléfilm plus intelligent que la moyenne, les personnages sont caricaturaux mais leurs propos passionnants, un huis-clos qui traite le thème de l'immortalité de façon originale en somme, sans prétentions, ce qui le rend attachant.
RépondreSupprimerMais cela demeure un script filmé.