En opening sequence la voix off de Niels Arestrup nous dit : "Les présidentielles c'est comme aux échecs. Un méga bon joueur il prévoit les deux prochains coups. Un maître, il prévoit jusqu'à 6 ou 7 coups. Un mauvais joueur, le néophyte complet, il prévoit d'aller mater un film au cinéma tout de suite après la défaite. Et un champion du monde il sait dès l'ouverture comment se finira la partie d'échecs !". Or dans le film, le candidat à la présidentielle, c'est Yvan Attal. Et force est de constater qu'en champion du monde d'échecs il se pose là. En effet, dès le début du film, il dit à sa femme qui vient le saluer : "Tu peux descendre, je te rejoins". Dans la scène qui suit on le retrouve dans sa baignoire, encore habillé, puis sortant de l'eau, déjà sec, et finalement en bas de l'escalier, en peignoir, avant que sa femme n'y soit. Il l'a devancée, il devancera tout le monde dans ce film, il est toujours en avance, il a tout prévu, il sait comment ça va finir. Pour les plus dubitatifs, une scène de repas, tout de suite après, viendra confirmer ce qui est déjà une règle, Yvan Attal en est au petit déjeuner quand ses convives sont encore au souper.
Yvan Attal justifie à lui seul qu'on grave ce long métrage sur dvd-rw. C'est un acteur tout à fait hors du commun, un OVNI dans l'univers du grand écran, une étoile filante dans le monde de la petite lucarne. Tout ce que joue Yvan Attal a déjà été fait, mais jamais comme ça. Chacun de ses gestes les plus banals deviennent un challenge lancé à l'auditoire. Son domaine de prédilection ça reste tout ce qui est lié de près ou de loin au plumard. On appelle ça "La méthode Attali". L'acteur vient de publier un livre écrit au sein d'un collectif de comédiens nommé pour l'occasion Commission Attali, et qui propose 300 mesures théâtrales. Je l'ai vu chez Taddéi. Là où Attal a tendu un piège aux lecteurs les plus naïfs, c'est que 268 de ces mesures ne concernent que les scènes liées, de près ou de loin, au pieu. Dans ce seul film, Attal repose toutes les bases du jeu de l'acteur qui se jette sur son plumard éreinté. De même, il redéfinit l'idée même du réveil, qu'il avait pourtant déjà révolutionnée dans Le Serpent.
L'histoire du film en deux mots : Michel Dedieu a passé le premier tour des présidentielles et va se voir opposé à Kim Källstrom, le candidat du parti opposé, dans le débat télévisé habituel. Le film raconte donc l'entre-deux tours. Les péripéties seront légion pour le candidat : pression de ses conseillers, vérification de la pression de ses pneus, manipulation des hommes de l'ombre (Niels Arestrup en l'occurrence, puisqu'il est derrière la caméra), disputes conjugales, pose de parquet flottant, pot-de-vin et dessous-de-tables, et surtout le Saint-Bernard du candidat. Pendant près d'une heure et demi Yvan Attal est aux prises avec son Saint-Bernard qui refuse perpétuellement de lui obéir et menace séance tenante de chier dans son lit et de voter à droite. C'est un véritable revival du film Beethoven de Milos Forman que nous propose là Niels Heuresup'.
Le film est étonnamment proche du feuilleton de l'élection de Sarkozy, avec une femme qui quitte le candidat au moment crucial (une femme italienne), un personnage à la Bouygues qui dirige toute la cérémonie en partenariat avec les patrons de télé, etc. Au final Yvan Attal, champion du monde hein Yvan, qui avait donc tout prévu, baise la gueule des grands marionnettistes qui le condamnaient à l'échec pour leurs intérêts propres lors du débat final. Le Candidat restera comme le premier film post 11 septembre et le film définitif sur l'entre-deux tours.
Le Candidat de Niels Arestrup avec Yvan Attal et Niels Arestrup (2007)
Preum's !
RépondreSupprimer"Yvan Attal justifie à lui seul qu'on grave ce long métrage sur dvd-rw"
Je remarque quand même qu'il n'est pas assez bien pour être conservé :-)
"Le Candidat restera comme le premier film post 11 septembre et le film définitif sur l'entre-deux tours."
Ah non ! Le fimm définitif sur le 11 septembre, c'est "Les Deux Tours".
(ouais je sais elle est pas terrible).
Enfin ! :D
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