26 août 2014

Texas Killing Fields

Film sans intérêt, sans surprise, sans qualités. Parlons des personnages de ce Texas Killing Fields, ah ben non, y'en a pas ! Ils n'existent tout simplement pas... On a droit en vrac à un flic du genre nerveux, Mike Soudeur, tête brûlée, gros bras, attardé profond, peur de rien, peur d'un chien (Sam Worthington), qui fait fi des consignes de ses supérieurs pour aller aider la femme dont il est divorcé, flic de métier elle aussi (Jessica Chastain), au cœur d'un district malfamé. Son binôme, Marcel Patulacci (Jeffrey Dean Morgan), gardien de la paix avant tout, est plus raisonnable, plus âgé, type grand cœur fatigué de suivre des détraqués et prêt à se sacrifier pour secourir une fille de pute (c'est pas une insulte, c'est dans le script) qu'il considère comme sa propre enfant, et qui sera sauvée in extremis tandis que le tueur libidineux bigleux et chauve sur le point de lui faire la peau finira, vous l'auriez senti venir, par être arrêté.




Ce que je viens de vous résumer là c'est absolument tout ce que contient le scénario, ni plus ni moins, je n'abrège pas. Les personnages s'en tiennent rigoureusement à ce minimum-là. Il n'existent bel et bien pas. Et les acteurs qui les incarnent non plus. Sam Worthington est encore plus paraplégique que dans Avatar, Jeffrey Dean Morgan est un Javier Bardem au rabais, et Jessica Chastain, même si son charme opère à nouveau, est encore plus sous-exploitée que dans The Tree of Life, puisque la flic qu'elle incarne n'apparaît à l'image que trois minutes à tout casser, ne sert scrupuleusement à rien, et ne fait même pas de tourniquet dans des jardins publics. Seule la jeune Chloë Moretz, déjà remarquée dans Hugo Cabret, confirme ici son talent dans un rôle beaucoup moins enfantin que celui qu'elle campait chez Scorsese. L'actrice est depuis apparue dans quelques films beaucoup moins recommandables, de Dark Shadows à Carrie, la revanche, et n'y a pas autant brillé (pour ne pas dire qu'elle y tutoyait le ridicule). Espérons qu'elle regagne ses galons dans le dernier film d'Olivier Assayas. Quoi qu'il en soit, elle rejoint la petite Elle Fanning dans la course aux jeunes comédiennes américaines les plus prometteuses, et en fin de compte, sa présence étonnante, son visage ultra expressif et son charme étrange sont le seul intérêt de Texas Killing Fields, qu'on se le dise.




Malheureusement la réalisatrice, Ami Canaan Mann (joli blaze, y'a pas à dire, comme quoi ça ne fait pas tout !), la fille de Michael Mann, qui a donc produit le premier film de sa progéniture, ne fait pas grand chose du potentiel de la petite actrice, comme elle ne fait rien des autres membres du casting, de son non-scénario, et de tout ce qui s'en suit, rien qui ne sera oublié très vite. Le film ne tire aucun parti de son décor marécageux (la mise en scène s'y embourbe joyeusement, pour faire un jeu de mot digne du magazine Première), et le script est d'un déjà vu à toute épreuve. L'affiche parle de 60 cadavres et promet un Texas Killing Spree alors qu'il n'y a que quatre ou cinq macchabées à l'écran (pas que je sois un grand fan de barbaque mais quand on annonce un truc on s'y tient). Elle évoque aussi un tueur "insaisissable" que nous aurons reconnu dès sa première apparition, au bout de dix minutes de film, et qui, en prime, finira par être saisi... Et pourtant je ne suis pas doué en général pour jouer aux devinettes devant les films policiers, d'abord parce que je manque de pratique, n'ayant moi-même jamais rien traqué à part quelques films sur le net, ensuite parce que le plus souvent je m'en fous royalement, pouvant apprécier les belles intrigues policières, par exemple celles des films noirs de l'âge d'or, sans forcément passer mon temps à échafauder des hypothèses. Mais si moi, avec ma gueule enfarinée, si moi j'ai tout pigé au bout de cinq minutes à ce film de traque qui n'a aucun autre argument à sa disposition, je n'ose imaginer l'ennui qui frappera les amateurs du genre, lesquels auront en prime le sentiment de revoir ce maigre polar pour la millième fois. Ne perdez pas une heure et demi devant un film que vous aurez totalement oublié une demi heure après.


Texas Killing Fields d'Ami Canaan Mann avec Sam Worthington, Jeffrey Dean Morgan, Jessica Chastain et Chloë Grace Moretz (2011)

7 commentaires:

  1. Marcel Patulacci :D

    Moretz est très bien dans Sils Maria, même si son personnage est un peu éclipsé par ceux de Binoche et Stewart. Mais elle reste loin derrière Elle Fanning dans mon petit cœur de vicelard.

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    1. Je suis impatient de découvrir le nouveau Assayas et d'y admirer son trio d'actrices.

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    2. Matez Maléfique pour voir Elle Fanning chuter dans vos coeurs.

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  2. Totalement hors sujet , vous devriez voir The Killing fields de l'ami Roland Joffé. Un film plus qu'honnête et très enrichissant. Bon par contre si vous êtes communistes vous n'allez pas trop aimer...

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    1. Vu. Pas mal oui. Pas mal surtout de s'être attaqué à ce sujet-là pour un premier film. La scène finale ("Imagine all the people") me gêne assez. C'est pas du dégoût mais ça me gêne.

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    2. Je suis absolument d'accord. Cette scène casse tout. Le côté hollywoodien reprend malheureusement le dessus. Mais franchement l'acting est très bon et la mise en scène très honorable.

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    3. J'avais évoqué, de façon pas très catholique, le deuxième opus de Roland Joffé, Mission : http://ilaose.blogspot.com/2011/05/mission.html

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