26 février 2012

Le Discours d'un Roi

Speech of a Lion King en VO, King of the speech au Québec. Ce film a éclaboussé l'année 2011. Et l'année 2010 aussi, car il était à cheval sur deux années, d'où l'expression "éclaboussé", car il en a vraiment foutu de partout. Colin Firth of Legend se retrouve dans le slip d'un Roi bègue, j'ai nommé Albert Liberty, Duke of York, et futur Georges VI, dit "Le Roi Bègue" (The Beggars banquet en anglais). Geoffrey Rush Hour joue son ortophoniste, Lionel Logue dit Jospin. Le Roi Colin Firth a toutes les chances de devenir roi d'Angleterre à la vieille de la Colin Firth World War, à condition qu'il apprenne à causer dans l'ordre et que son frère aîné (Guy Pearcé, le fantôme du cinéma mondial, toujours là où on l'attend pas trop), constipé depuis l'ingestion d'un cake au munster monster munch, continue de refuser à aller sur le trône. La femme du roi, Helena Bonnasse Carter, qui n'est pas du tout bonnasse en fait, le pousse au cul devant tout le monde pour aller rendre visite à l'oto-rhino, scène qu'on a tous vue ou vécue à la sortie d'école, quand une mère indigne a décidé de foutre la honte à son gamin devant tous les camarades. Tom Hooper, qu'on avait connu plus à l'aise aux manettes de Massacre à la tronçonneuse, réalise un film de pacotille en costumes où on est censé flipper, à la veille du plus grand bain de sang qu'ait connu le monde jusqu'alors, pour un pelé qui a les j'tons de lire un speech en public. Si on ne nous avait pas dit que le film se déroule en 1939, on en aurait instinctivement situé l'histoire au Moyen-âge, au temps des cathédrales et des gargouilles, tant le film est gelé, nimbé d'une atmosphère brumeuse digne de l'âge de glace, et tant il empeste la naphtaline.



Le grand truc de Tom Hooper, c'est le décadrage, et ça dure déjà depuis deux films au moins (son premier film, The Damned United, était un film sur le foot, et aucun tir n'était cadré). Il décadre à mort, il s'auto-décadre à qui mieux mieux, chaque plan de son foutu film est décadré. C'est-à-dire que chaque image du film laisse un espace vide d'un côté ou de l'autre de l'acteur filmé, et c'est la tapisserie qui en profite. Les anglais en général, les vieillardes et leur goût de chiotte en particulier, seront ravis. Le décadrage est un outil cinématographique qui, utilisé avec parcimonie, en tout cas avec sensibilité, peut produire du sens et créer un sentiment ou un autre chez le spectateur quand le cinéaste est inspiré. Mais, à foison, jusqu'à la lie, dans les cordes, exploité jusqu'à plus soif et dans absolument chaque plan d'un film qui en contient pas mal, sans que cet outil esthétique n'ait d'autre implication qu'une stupide quête de style de la part de son auteur ou qu'une maigre signification simpliste liée à la sensation d'écrasement éprouvée par le Roi Firth, qui ne parvient pas à "cadrer" son langage, le décadrage devient un misérable tic à rapprocher des pires vols de colombes au ralenti de John Woo, du cul de bouteille vissé à l'objectif de Jeunet, des plans obliques de De Palma, de l'effet bullet-time de Guy Ritchie, des plans fumés de Malick, des ralentis sur les culs de japs de Wong Kar-Wai, de la caméra portée tremblotante de Von Trier, du travelling qui croit nous faire croire que la caméra passe à travers les anses de carafes du pauvre Fincher et ainsi de suite.



Les décadrages insupportables signés Hooper ont fait illusion dans ce film historique de grand-père calibré pour les foules, qui auront l'impression d'apprendre l'histoire à travers une anecdote croustillante sans trop se faire chier. Le grand public qui a adoré Le Discours d'un roi s'est quand même fait un petit peu chier devant le film, mais en apprenant l'histoire normal de se faire un petit peu chier, voila ce que les gens se sont dit, ça fait quasiment plaisir au gros con de base de s'être partiellement fait chier devant ce film, c'est sa bonne action de l'année, c'est son fait d'armes à la pause-café au boulot, pour pavaner devant les collègues en disant : "Ce week-end je suis allé voir au cinéma King's Speech, sur grand écran, je connaissais pas cette histoire, on en apprend beaucoup, la petite histoire dans la grande, ça fait frissonner". C'est pour ça entre autres que ce film a fait la razzia sur les Oscars. Meilleur acteur, puisqu'il bégaye, et Dieu sait que Colin Firth s'est fait des couilles en or avec ce film ; meilleur décor, puisque comme vous pouvez le voir sur l'image ci-dessus c'est le peintre Pollock qui s'y est collé ; meilleur scénario puisqu'on "en apprend beaucoup" ; meilleur réalisateur puisque Tom Hooper a une patte forcément originale avec ses décadrages merdiques ; meilleur film enfin, du coup, CQFD. Les Oscars ont encore frappé.


Le Discours d'un roi de Tom Hooper avec Colin Firth, Helena Bonham Carter, Geoffrey Rush et Guy Pearce (2011)

13 commentaires:

  1. Le premier paragraphe a failli me paumer :D Je pense que vous avez bien saisi le pourquoi du comment il a eu l'oscar.

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  2. C'est où que t'as failli décrocher ? Geoffrey Rush Hour ? Colin Firth of Legend ? Colin Firth World War ? :D

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  3. tom hooper et massacre a la tronconneuse c'est fait expres hein

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  4. C'est drôle je me suis fait la même réflexion au sujet de l'oscar du meilleur acteur. Jouer un bègue c'est typiquement les genre de truc que les oscars aiment, ça et jouer un attardé mental.

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    1. Jim Carrey est pourtant revenu bredouille malgré sa superbe interprétation de Loyd Christmas dans le génial Dumb & Dumber

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    2. Dumb & Dumber qui est et restera un GRAND classique de la comédie, un film qui est et sera enseigné dans toutes les écoles du cinéma (probablement comme Un jour sans fin et sa mécanique si bien huilée que n'importe qui peut se la carrer où je pense). Le discours d'un roi est et sera enseigné à l'université, mais uniquement dans l'UEF (unité d'enseignement fondamentale) 01 en première année premier semestre de toutes les facs de cinéma : "The 111 pitfalls to avoid to make a good movie", soit en français "les films de merde, évitez de refaire la même chose à l'avenir ça fait saigner des yeux".

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